Ce soir, je me suis rendue à une conférence de 2 heures sur les adolescents, les adolescentes devrais-je dire, car selon le docteur psychiatre Xavier Pommereau, intervenant solo de la soirée, ce sont la majorité de ses patientes.
J’aurais crû me retrouver au temps de Jacques Salomé, il y a 30 ans, s’il n’avait été question de la période covid, des écrans et jeux videos dont cet orateur ne parlait pas. Car au moins sur ces points, mon analyse du mal-être et celle du psychiatre convergent.
Il a adressé les mêmes conseils basiques que M. Salomé faisait aux parents, ces derniers semblant de plus en plus démunis, (car eux-mêmes ayant subi les mêmes traumatismes et sous les mêmes addictions) face aux comportement des adolescents de 2025 :
⁃ Ne pas dire TU mais JE
⁃ Choisir le moment et le lieu pour s’entretenir avec son ado
⁃ Ne pas critiquer les amis de son Ado
⁃ S’asseoir avec lui ou elle régulièrement pour se parler
⁃ Poser un cadre et des limites
⁃ Etc
Les basiques restent et resteront les mêmes tant que l’humain n’aura pas muté (c’est en cours hélas). C’est ce que j’explique quand on me parle d’innovation pédagogique. Il ne peut en exister, car les modes d’apprentissage ne changent pas. -Mais ceci est un autre sujet.-
La vraie question, à mon avis, est « Comment empêcher son ado d’utiliser un téléphone quand le parent est lui-même addict ? » idem sur l’alcool ou la cigarette. On a supprimé les pub à la TV, mais les adultes addicts n’ont jamais été aussi nombreux autour des adolescents.
Le docteur, tout comme je fais depuis que je me lance dans la rhétorique, redonne les définitions des mots : addictions, scarifications, harcèlement, etc… C’est important car l’amalgame est porteur de non sens.
« Ne rien minimiser de ce que fait ou dit l’ado. Une fugue est une fugue. » Oui il a raison, une scarification est ce qu’elle est et il ne faut pas attendre qu’elle évolue de stade.
La seule chose que j’ai acquise lors de cette conférence, grâce à ce que disait ce médecin, est la compréhension de la différence entre les actes des garçons et ceux des filles. -J’ai écrit et fait une conférence sur cerveau rose et cerveau bleu bien avant la mode actuelle sur les genres.-
Les filles, explique-t-il, agissent sur leur propres corps en expression de leur mal-être. Alors que les garçons agissent sur le monde extérieur ou sur les autres individus, avec violence.
Je vais au-delà de son analyse et je dirais que la différence d’attitude des filles et des garçons est liée à l’anatomie et à la physiologie sexuelles. L’organe de la fille est interne, le rendant passif et inapparent alors que celui du garçon est externe, apparent et lorsqu’il est utilisé se métamorphose, dirons-nous.
Sinon, rien de nouveau sous le Soleil, Xavier Pommereau ne parle pas de la réelle cause du mal-être des adolescents, car il ne la connait pas : ils n’ont ni représentant, ni rôle, ni place dans la société. Ils ne participent à aucun rite de passage (cf Pierre Yves Albrecht) et sont au contraire de plus en plus infantilisés, tout comme les parents le sont de plus en plus. Et comme ils n’ont pas de rite de passage, ils s’en créent, sombrant dans l’infantilisation et l’abandon de la plupart des parents.
A mon étonnement, le docteur Pommereau a endormi l’auditoire sous des arguments bien faibles selon lesquels les enfants et les parents seraient inquiets des changements climatiques et feux de forêt en France ! Et que ces peurs auraient succédé à celle du Covid ! Et que cela expliquerait l’anorexie, le harcèlement et les scarifications.
Non, Docteur, la cause n’est pas la PEUR d’un élément extérieur, quelque qu’il soit.
En tant que partie du système, vous ne pouvez pas démentir celui-ci. Les revenus générés par une médecine française étatiste, de moins en moins accessible et efficace, sont largement assurés du fait du nombre de patients inversement proportionnel à celui des médecins. Ces derniers choisissent désormais les malades, trient les urgences, il faut avoir le courage de le dire et de l’entendre.
Et comme on a mis dans la tête de tout le monde -et le Docteur l’explique fort bien- que « lorsqu’on n’est pas bien, on prend un doliprane », on devrait déduire que le système va vers sa faillite programmée.
Et il explique également que les jeunes qui se sont fait des gros bobos prennent des dolipranes pour dormir, oublier, avoir moins mal mais qu’en réalité ils prennent le chemin d’aller encore moins bien.
Occulter le besoin essentiel de rites de passage de l’adolescent mène à l’incompréhension du problème et donc à l’absence de solution.
Nos adolescents sont incompris, irrespectés et malmenés. Rien n’a changé, pas plus avec Jacques Salomé qu’avec Xavier Pommereau.
Pour conclure, je dirais que le Docteur Pommereau est certain d’être utile à tenter de sauver des adolescents -et leurs parents- de situations périlleuses et dramatiques (qu’il s’est attaché à décrire devant un auditoire non préparé à l’entendre). En vain, car la source n’est pas adressée.
Il se positionne contre l’IEF, sans en connaître les réalités, car comment peut-on être pour ou contre des modes naturels éducatifs face à des situations bien pire auxquelles il faut vraiment être faire face ?
Il pense que le souci est aux urgences : les urgentistes doivent choisir entre un massage cardiaque d’un adulte ou la surveillance d’une jeune de 14 ans ayant avalé le contenu d’un tube de comprimés trouvés dans la pharmacie de ses parents. Alors que le souci est dans notre relation humaine des adultes envers les enfants. Et cela, on peut vraiment l’adresser, chacun avec sa volonté de bien faire et d’aimer.