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Maria, Mario Montessori junior et les pommes de terre
Dans son ouvrage « Education for human development », au chapitre intitulé « cosmic education », Mario Montessori Junior raconte une anecdote vécue avec sa grand-mère Maria Montessori.
Alors qu’ils sont dans la cuisine tous les deux et que Maria épluche des pommes de terre (Solanum tuberosum), elle s’étonne de voir ces parties de la plante (des réserves en fait) qui sont comestibles par l’humain alors que la fleur et le fruit lui sont dangereux, voire fatals. Elle se demande comment l’homme est arrivé à cette connaissance pointue de la plante, sachant que celle-ci avait été ramenée en Europe par les découvreurs.
Quel étonnement pour ce jeune garçon de voir sa grand-mère en pleine extase devant des pommes de terre ! Oui, Maria connectait à travers son observation et son questionnement deux époques éloignées.
Et c’est ainsi qu’elle proposait, à chacun selon son potentiel, d’imaginer des réponses.
Qu’est-ce que la tâche cosmique de l’être humain ?
Plus loin dans son ouvrage, Mario Montessori Junior analyse l’humain qui se distingue de l’animal de plusieurs façons. L’une d’elle est qu’il transforme son environnement. Il le façonne à sa convenance; sans cesse; c’est un but, peut-être une obsession pourrait-on dire, Maria appelait cela une tâche cosmique.
Et c’est grâce à son imagination que l’Homme cherche à satisfaire ses besoins essentiels. Ainsi, utilisant son cerveau pour transformer son environnement, il impose aux autres humains de s’adapter à ces changements, et tout le monde suit le même mouvement génération après génération. Et tout ceci peut être accompli avec l’aide à la vie, que Maria donnait comme synonyme de l’éducation.
2025 sera une année exceptionnelle pour vous et nous !
En 2025, nous fêterons ensemble les 30 ans du website www.montessori.fr dans un beau lieu parisien !
En effet, cela fera trente ans, que nous avons décidé de partager gratuitement toutes les informations sur le travail du Docteur Maria Montessori : puisqu’il n’y avait pas d’autre source d’informations en langue française sur le net au sujet de la vie et du travail de cette grande pédagogue, Murielle et Alain Lefebvre, tous les deux informaticiens de métiers, décidèrent de la création du site montessori.fr
L’accueil du public français, à ce moment-là a été timide, car à l’époque, les particuliers n’avaient pas d’ordinateur personnel. Et quand on leur parlait de l’internet, soit ils riaient, soit ils nous prenaient pour des fous : « L’autoroute de l’information, voyez donc ! »
En 1995, n’existait qu’une poignée d’écoles montessori en France et elles avaient autre chose à faire que de faire connaître la vie et l’oeuvre de Maria Montessori !
Nous l’avons fait pour les familles francophones et surtout leurs enfants.
Ce sont des milliers de personnes qui depuis ont eu connaissance de l’ensemble de la philosophie Montessori grâce à notre site internet qui fut le tout premier. Nous continuons à partager et d’autres prendront la relève car c’est de TRANSMISSION d’humains à humains dont il s’agit.
Nous avons publié plus d’un millier de posts sur montessori.fr, le premier site internet également de ce point de vue.
Aujourd’hui, le nom Montessori est devenu en France (et ailleurs) un adjectif banalisé dans le monde éducatif et utilisé parfois en dehors du respect des valeurs originelles de Maria Montessori. C’est pourquoi nous devons continuer à communiquer, non plus pour vulgariser, mais pour expliquer ces valeurs et la démarche pédagogique.
Pour fêter dans la joie, ces 30 années, nous prévoyons d’accueillir nos invités dans un beau lieu parisien où Maria s’était rendue.
Au programme de cet anniversaire exceptionnel auquel seront conviées les personnes avec lesquelles nous avons parcouru ses trente belles années montessoriennes françaises :
- une conférence en langue américaine sur Maria (avec extrait de film),
- une rétrospective des 30 années de nos activités et de l’association AMIS,
- des invités d’honneur qui ont croisé notre chemin,
- des témoignages de professionnels montessoriens français et surtout d’enfants ayant bénéficié de ce bel accompagnement philosophique,
- un cocktail,
- la remise d’une édition unique d’un livret sur les voyages de Maria Montessori.
À très vite pour vous envoyer l’invitation !
Murielle & Alain Lefebvre
Faut-il ou pas faire évoluer la pédagogie Montessori ?
Notre réponse pencherait plutôt vers le NON et en voici nos arguments :
– « Faire évoluer » est infini et donc sans limite, l’objet premier disparait au bout d’un certain temps
– Les arguments de l’évolution seraient les manquements, hors il y en a très peu dans le cursus scolaire Montessori.
Murielle Lefebvre a choisi d’ajouter dans les formations Montessori proposées par l’Académie TMF , uniquement ce qui manquait comme les leçons de Français sous format de méthode OML (puisque Maria et Mario Montessori ne les avaient pas conçues).
Les apports Pikler comblent également un manque, et c’est Murielle Lefebvre encore une fois qui a introduit ceci en France en complément du cursus pour les Bébés pour lequel elle a écrit le premier livre en France en 2013 (Montessori pour les bébés).
– Il ne faut pas toucher au coeur de cette philosophie, seulement la complémenter dans ce qui est en situation de péril pour les enfants. Par exemple actuellement en France, les professionnels qui prennent soin des bébés ne sont pas formés aux 5S : Santé, Sécurité, Soin, Spatialité et Spiritualité.
Autre exemple, les enfants doivent être éloignés le plus possible des écrans et amenés le plus possible dans la Nature pour l’observer, la sentir et apprendre à la connaître . C’est pour cette raison que nous n’avons pas d’ordinateur dans les classes Maternelle Montessori et au moins une plante pour chaque enfant dont il prend soin au quotidien.
– La vie pratique montessorienne sera adaptée aux besoins essentiels de l’enfant et de sa culture. Nous ajoutons un potager, des préparations de repas et de bricolage dès que possible dans les classes Montessori, c’est ce que Maria décrivait comme les soins de sa personne et de son environnement. Il ne s’agit pas d’évolution de la méthode.
En conclusion, la philosophie Montessori contient tout ce qui est nécessaire pour l’Education à la vie et cela ne variera pas quelque soit l’époque. Un enfant reste un petit être social au potentiel humain extraordinaire. Et c’est de cette émeraude dont il faut prendre soin.
Une petite fille regarde par la fenêtre
Récemment en consultant ma base de données de photographies, je trouve cette photo qui me touche particulièrement.
Je ne sais plus exactement où elle a été prise mais elle m’évoque de belles pensées.
Cette petite fille, bien qu’elle soit assise sur une chaise trop haute pour elle (puisque ses pieds ne touchent pas le sol), est face au monde extérieur grâce à une fenêtre tout à fait adaptée à la classe des jeunes enfants. Elle peut effectuer son activité mais aussi faire des pauses et observer le monde extérieur au vase clos de la classe. La lumière naturelle est aussi très importante pour l’enfant. J’ai vu tant de classes éclairées aux néons artificiels, basses de plafond, sans aucune fenêtre à la hauteur des enfants.
Je sais bien que c’est compliqué de trouver des locaux adaptés. Quand allons-nous mettre l’enfant au centre de nos préoccupations ? Ce sont eux qui continueront notre monde, en avons-nous conscience ? Relisons ce que Maria Montessori a écrit pour ne pas prendre ce fil conducteur dans nos actions.
Revenons à cette jeune demoiselle. Elle est tranquillement installée, concentrée. Rien ne la perturbe apparemment. D’autres enfants sont dans la classe mais son périmètre de respiration est large. A sa droite, sur un grand mur, on voit accrochée une toile de maître, de style ancien, entourée d’un large cadre doré. L’environnement est sobre, beau, soigné et préparé. C’est un beau geste de respect vis-à-vis des enfants. La classe est rangée, décorée, lumineuse pour entourer psychologiquement l’enfant.
Sur sa table en bois, elle a posé un petit panier en osier qu’elle est allée choisir, elle-même. Ses mains sont occupées à effectuer une activité précise qui lui a été présentée par un(e) éducateur(trice). On voit du liège, des ciseaux, des brins de laine ou coton. Ses coudes sont posés sur la table, pour fixer une position dans laquelle elle est confortable.
A la droite de l’enfant, on reconnait les sempiternelles étagères montessoriennes : des objets didactiques posées sur les étagères que les enfants peuvent atteindre avec facilité. Je ne peux m’empêcher de remarquer une chaise qui en barre l’accès ! Sans doute qu’il y a une explication temporelle que je n’ai pas.
Je remarque une petite lampe allumée au fond de la photo !-) Parfois, une petite ampoule supplémentaire met une emphase sur un matériel, un espace. Et puis je vois aussi en bas à gauche de la photo un coin de tapis sur le sol. Aménagement qui amène de la décoration, des sensations douces au toucher.
Les enfants sont très sensibles à tous ces détails dans leur environnement. Certains y seront agréablement sensibles, d’autres au contraire. A nous de les observer, de les comprendre, de les guider.
Nous avons la possibilité d’offrir cela à nos enfants, alors osons le faire !
Maria Montessori et les Jeux Olympiques
Qu’est-ce que Maria Montessori aurait aimé dans les Jeux Olympiques ?
Tout d’abord, parlons de Pierre de Coubertin (1863 – 1937), un Français contemporain de Maria.
Il fut historien et pédagogue et a été à l’initiative du Comité International Olympique (CIO) en 1894.
La vie de cet homme est aussi remplie et internationale que celle de Maria. Il a fait de nombreux séjours en Angleterre où il a pu y observer des écoles britanniques dans lesquelles évoluaient les jeunes et se développaient physiquement surtout grâce aux disciplines sportives.
Il était très sportif, et voulait partager ce goût de l’effort athlétique en initiant les enfants tôt à diverses disciplines. Il a écrit plusieurs ouvrages; je n’en n’ai lu aucun, mais si quelqu’un souhaite m’en partager un aperçu, ce sera avec joie.
C’est M. de Coubertin lui-même qui dessina l’emblème des cinq anneaux colorés : https://olympics.com/cio/1913-premiere-presentation-publique-du-symbole-des-cinq-anneaux
Il semble qu’il ne voulait pas que les femmes participent aux JO.Lisez cet extrait : https://olympics.com/cio/pierre-de-coubertin/pourquoi-pierre-de-coubertin-etait-il-oppose-a-la-participation-des-femmes-aux-jeux-olympiques
ou encore cet extrait d’allocution :
Cela a évolué depuis, dans le sport comme dans la médecine.
Passons à Maria Montessori. Tout au long de sa vie, elle a pu avoir connaissance, dans la presse au moins, de douze Jeux Olympiques organisés ainsi (dans l’ordre chronologique) :
- 1896 – Athènes (Maria avait alors 26 ans)
- 1900 – Paris
- 1904 – Saint Louis
- 1906 – Athènes (JO intercalaires)
- 1908 – Londres
- 1912 – Stockholm
Interruption
- 1920 – Anvers
- 1924 – Paris
- 1928 – Amsterdam
- 1932 – Los Angeles
- 1936 – Berlin
Interruption
- 1948 – Londres
(Maria est décédée avant les JO de 1952)
Bien que peu sportive apparemment (je n’ai rien trouvé sur son activité physique dans les archives), comme de nombreuses femmes de son époque (auxquelles l’accès n’était pas autorisé), Maria Montessori, nous « parle » de gymnastique indispensable et intégrée à sa pédagogie.
Dans son ouvrage Pédagogie Scientifique, figure un chapitre intitulé « Education musculaire : gymnastique ».
Elle aborde le sujet en tant que médecin et explique que les mouvements proposés à l’enfant sont souvent imposés et contre-productifs (page 77 « erreur déplorable qui n’a que trop souvent pour conséquences de déformer les jambes des pauvres petits… »).
La doctoresse pédagogue, Maria Montessori, propose des mouvements de gymnastique plus qu’une discipline sportive au programme quotidien des enfants. (page 75 « Quant à la gymnastique aux agrès – appareils utilisés en acrobatie- , et qui me semble autre chose qu’un acheminement vers l’acrobatie, il n’y a aucune raison de s’en occuper ici« ). Ces mouvements physiques sont une aide au « développement normal des mouvements physiologiques » (page 75) et sont « non violents ».
Elle propose un certain nombre d’exercices de gymnastique « libres » et « obligatoires » et va jusqu’à décrire une « gymnastique éducative » (page 80) avec les « exercices de vie pratique » proposés aux enfants dans ses classes.
Les filles pendant la leçon de gym vers 1900. Photo DR
Revenons aux Jeux Olympiques pour conclure cet article.
L’engouement actuel, pour ne pas dire l’industrie, des Jeux Olympiques, au-delà de nombreuses polémiques et aspects négatifs, est réel auprès de nombreux humains. Certains y trouvent une voie pour s’affranchir de leur pays dans lequel le guerre et la pauvreté sévissent.
S’élever, s’émanciper, réaliser sa vie grâce au sport, c’est un projet de vie digne. Celui qui souhaite le relever, en a la possibilité.
Maria Montessori adhérait aux valeurs d’efforts individuels et collectifs, d’expression de soi et de paix universelle. Le sport porte (en général) ces valeurs, dans le fond, c’est indéniable. Sur la forme, je suis certaine que Maria se serait exprimée à ce sujet et n’aurait pas mâché ses mots en pointant du doigt les dérives et dysfonctionnements.
Profitez des belles images diffusées actuellement sur les exploits des sportifs des JO de Paris 2024, si le coeur vous en dit.
Admirer les sportifs
Je ne sais si vous aimez le sport, si vous aimez les JO ? Pour ma part, j’aime les deux et surtout voir des compétiteurs admirables – tout au moins dans l’exécution de leur discipline -.
Qu’ils soient champions ou pas, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, les sportifs ont une dimension supplémentaire physique et mentale rassemblée dans toute l’énergie qu’ils déploient dans la pratique de leur sport. Et ce sur des durées parfois de plusieurs décennies !
Les enfants, s’ils aiment cela, peuvent regarder – en live si possible , des compétiteurs (Le mieux est d’aller voir des compétitions). Les valeurs humaines personnelles et collectives qui s’inscrivent dans le sport sont l’effort, l’endurance, la patience, l’esprit d’équipe, le fairplay, la persévérance, la congruence, la détermination, la planification, la résilience….
Aujourd’hui, ce sont deux judokas que je vous propose d’admirer dans leur détermination à aller au-delà de leurs limites.
PS Fermez le son de la vidéo, ce sera mieux !
Cette semaine, nous parlerons de Maria Montessori et de Pierre de Coubertin.
L’optimisme selon Hellen Keller, sourde, muette et aveugle
Issu de mon livre « Montessori aux USA » que vous pouvez vous procurer exclusivement ici :
vous trouverez un extrait sur Helen Keller, jeune femme américaine incroyable que Maria Montessori a rencontrée lors de son premier voyage en 2015.
Lisez aussi cet article (en anglais) : ICI
Regard sur la vie de Maria Montessori
Murielle vous propose une mise à jour de la timeline de la vie de Maria Montessori.
En effet, on a accès a de plus en plus d’informations sur ce sujet, soit sur l’internet, soit grâce à des publications (dont les plus fiables pourraient être celles publiées par ses arrières-petits-enfants).
Il est utile d’analyser les événements marquants qui ont ponctué le chemin de vie de Maria et sa famille et de les remettre dans le contexte international de l’époque.
Découvrez ou redécouvrez les huit décennies de Maria Montessori.
Mes enfants me demandent ce que je pense d’un nouveau film sur Maria Montessori
Un nouveau film biographique sur Maria Montessori. C’est bien, mais est-ce utile ?
Je réponds que, plus que d’un nouveau film sur Maria Montessori, la France a besoin aujourd’hui en mars 2024, d’une application de pédagogies humanistes réelles et solides dans toutes les écoles. Pour éduquer et instruire. Car l’un ne va pas sans l’autre.
A part Rudolf Steiner, Maria Montessori est la seule pédagogue à avoir conçu un programme éducatif complet avec non seulement le contenu mais aussi les « contenants » pourrait-on dire.
J’ai déjà parlé du Totum Montessori et de la philosophie Montessori. Cela veut dire que cette pédagogie ne peut se résumer dans la mise en place de plateaux de manipulations. C’est bien plus que cela. Le tout dépasse la somme des leçons didactiques elles-mêmes.
Une biographie de plus, c’est bien, mais on a besoin de dépasser la personnification de Maria Montessori, si je puis dire. Ses idées, son travail, ses actions sont plus à partager que sa personne. Elle a bravé beaucoup de difficultés durant toute sa vie, pour parler des femmes, des enfants, pour éviter une guerre, pour mettre en place une hygiène physique et mentale pour tous les enfants, pour faire croire au potentiel humain.
Alors pourquoi encore hésiter et ne pas appliquer ?
N’attendons plus et mettons en place des structures d’accueil, pour tous sans discrimination.
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