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Une école Montessori à Kinshasa
Nous avons la joie de partager un article sur l’école Montessori de Kinshasa créée par Marie-Paule, formée à la pédagogie Montessori au sein de Académie, en 2016.
Article originel intégral en italien, cliquez ICI
Enseignante au Lycée belge de Kinshasa, comment avez-vous connu la méthodeMontessori ?
Depuis 2002, je suis enseignante au lycée belge « Prince de Liège » à Kinshasa, en RDC.
Pour ma plus grande joie, en 2007, est née la première de mes deux filles. J’ai toujours été adepte d’une pédagogie active dans ma classe et d’une éducation bienveillante à la maison. J’ai voulu les inscrire dans une école où on parle anglais, mais avec des valeurs semblables aux miennes. C’est alors qu’à travers les livres, j’ai découvert les bénéfices de cette merveilleuse méthode d’apprentissage Montessori.
Ensuite, c’est en la vivant à travers mes filles que j’ai compris qu’elle était faite pour moi. J’ai alors décidé de me former à travers la plateforme online TMF(Tout Montessori en France).
Quelle est la situation scolaire en R.D.C ? Y a-t-il encore beaucoup d’enfants non scolarisés ?
En 2016, lors de la création de mon ONG, seuls les enfants qui pouvaient payer les frais de scolarité avaient accès à l’enseignement. Beaucoup d’enfants vagabondaient toute la journée dans leur quartier ou leur « parcelle ». Ceci fut à l’origine de la création de « Ndako ya bana » qui fut reconnu par le Ministère des Affaires Sociales du Congo.
En septembre 2019, avec la scolarisation gratuite pour les enfants du primaire annoncée et réalisée par le président F. Tshisekedi, s’ouvre une nouvelle ère pour les écoliers congolais. Mais en septembre 2021, beaucoup d’enseignants ont entamé une grève pour la revalorisation de leur salaire et exigé des arriérés de salaire. Il y a encore beaucoup à faire en RDC, mais le travail est amorcé.
Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir une école Montessori ?
J’ai commencé par la pratique de cette méthode dans ma classe au Lycée « Prince de Liège ». Ensuite, vu l’extrême pauvreté à Kinshasa, j’ai décidé de faire sortir la méthode Montessori de mon école. Mon objectif est d’être apte à offrir une éducation de qualité aux enfants les plus vulnérables de cette ville à travers cette pédagogie.
J’ai voulu revenir aux racines de Maria Montessori quand elle a ouvert sa première MAISON DES ENFANTS pour les enfants défavorisés de Rome et ainsi démontrer que cette pédagogie, qui en Europe est surtout réservée aux écoles privées, est également valable pour récolter de bons résultats avec les enfants vulnérables.
Qui fréquente votre école ? Comment avez-vous sélectionné les enfants ?
NYB est situé dans le quartier du Vélodrome. Zone que nous avons spécifiquement choisie. C’est une commune proche de la ville, mais en s’éloignant, à peine, de la rue principale, la pauvreté est omniprésente. Dans ce quartier, 65 % des enfants ne sont pas scolarisés. Les enfants qui ont été choisis pour intégrer notre école sont des enfants qui vivent dans un environnement très précaire. Nous avons des orphelins, des orphelins sociaux, certains avec
des parents handicapés, deux filles-mères. Mais aussi certaines familles avec des difficultés financières qui ont éprouvé le besoin de rejoindre notre projet.
Afin que l’intégration se fasse au mieux, nous avons été aidés par des organismes comme la commune, la paroisse et des éducateurs de rue. Nous travaillons également avec un pédiatre qui visite les enfants plusieurs fois par an.
Comment avez-vous formé le personnel ?
Habituellement, en R.D.C, les enfants vont à l’école de 7 H à 12 H. Comme je travaille chaque matin, les cours ont été déplacés. Ils commençaient à 10 H 45 pour que je puisse être là tous les après-midis. Aussi, c’est très important pour nous de leur offrir un repas chaud. Un enfant ne peut pas se concentrer pour apprendre s’il n’a pas mangé.
Les éducateurs ont fait un travail de préparation de 6 mois de formation intensive avant de s’occuper des enfants. Ils ont bénéficié de vidéos de présentation du matériel et de mes conseils.
Proposez-vous d’autres activités ?
Nous offrons également des cours de gym, de danse et de chants. Comme dit le proverbe :
« un corps sain dans un esprit sain ». La majeure partie de nos enfants n’ont pas accès aux activités culturelles, nous leur avons ouvert la porte de la culture à travers des visites hors de leur commune. Dernièrement, nous avons visité le PARC DE LA VALLEE DE LA NSELE, près de Kinshasa où nous avons rencontré de superbes animaux.
Avez-vous remarqué des changements chez les enfants ? Quels sont les aspects de la personnalité des enfants qui se sont le plus développés ?
Certains enfants sont arrivés à NYB avec de gros problèmes comportementaux. Un exemple de la première année qui me vient en tête est l’histoire d’Emmanuel. Il faut savoir que ces enfants sont privés, chez eux, de tout confort et que nous leur donnons la possibilité de jouer en fin de journée. Un autre enfant avait, probablement, « emprunté » sa voiture et sa réaction a été de prendre une grosse pierre pour récupérer son bien et frapper son camarade de classe. A 4 ans, il a laissé entendre que la violence dans la rue sévissait dès le plus jeune âge, c’est la loi du plus fort. Difficile d’imaginer tout cela dans notre société occidentale. Cinq ans plus tard, Emmanuel nous étonne par le sens de protection dont il fait preuve envers ses camarades de classe et son engagement pour obtenir de bons résultats scolaires. Je crois que la citation « L’éducation est une arme de paix » a un sens profond pour nous et nous cherchons à développer le plus possible cet aspect. Quel bonheur pour moi de voir les enfants concentrés dans différents travaux !
Quelles sont les difficultés majeures rencontrées pour expliquer aux familles cette approche pédagogique différente ?
Les parents ou responsables ont vraiment apprécié la qualité de cet enseignement. Les enfants ont eu l’occasion de travailler et d’étudier dans un contexte préparé et sain beaucoup plus agréable que leur milieu de vie. Les parents étaient donc contents que leurs enfants fassent partie du programme NYB. Durant notre première année d’activités, était inscrite la petite Joviane qui avait seulement 2 ans. Nous nous sommes vite rendus compte que nous ne pouvions pas nous séparer d’elle. Elle a progressé plus rapidement que les autres car elle a tiré profit des connaissances de ses ainés. Elle est entrée en primaire un an plus tôt et est encore première de classe ! Les parents qui viennent de milieux défavorisés, majoritairement analphabètes, se sont vite rendus compte des effets bénéfiques de cette pédagogie.
A votre avis, quels sont les aspects de la méthode Montessori qui ne sont plus valables à notre époque ?
Depuis quelques années, on trouve toutes sortes de matériels Montessori dans les supermarchés ou les magasins d’éducation spécialisée. On ne les appelle plus « matériels » mais « jouets »… Chacun pense pouvoir faire Montessori en classe ou critiquer Maria Montessori sans avoir vraiment étudié tout son travail. Pour moi, la philosophie de M. Montessori est beaucoup plus importante que tous ces matériaux. Montessori est avant tout une philosophie. Il s’agit de croire au potentiel de l’être humain. Si nous suivons l’enfant, nous lui permettons de libérer son potentiel de manière autonome. Le rôle de l’éducateur est d’accompagner l’enfant à cultiver son désir d’apprendre par et pour lui-même.
Quels sont les défis que Montessori doit affronter ?
Le monde change très vite. Avec la méthode Montessori, nos enfants sont préparés à cette évolution. Personnellement, je suis convaincue que cette pédagogie est celle du futur. Comme disait M. Montessori « Nous n’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde n’existera plus quand ils seront grands. Apprenons leur à s’adapter ». C’est ce que nous faisons à NYB: nous accompagnons nos enfants afin qu’ils puissent prendre leur vie en main en favorisant leur autonomie. Nous espérons qu’ils pourront saisir cette opportunité et surtout pouvoir rester à leur côté.
Qu’est-ce que NYB en 2021 ?
L’année 2020 se caractérise par un élément inédit en RDC, comme dans le monde entier, à cause de l’arrivée du covid qui a tout chamboulé. Celui-ci a amené des changements radicaux pour nous tous ainsi qu’au sein de notre structure. Puisque nous fonctionnons exclusivement avec des fonds propres. Nous récoltons notamment des fonds grâce à l’organisation d’évènements en Belgique et au Congo ou « parrainages » (nous demandons aux donateurs d’être parrain d’un enfant et de prendre en charge une partie de sa scolarité). Malheureusement, vu la situation, nous avons dû fermer l’école par manque de fonds.
Cela a été le moment de se refocaliser pour décider qu’elles étaient exactement les priorités de NYB. Ça a été très clair : nous devons assurer un avenir à nos 39 protégés.
Nous avons voulu restructurer notre asbl en continuant à garantir à nos enfants l’essentiel, des soins de qualité pour leur offrir une vie meilleure pour l’avenir.
Nos enfants sont actuellement scolarisés dans une école privée de Kinshasa. En plus des frais de scolarité payés par NYB, la possibilité d’une aide aux devoirs après l’école, un repas chaud tous les jours, des ateliers avec activités culturelles et sportives le samedi ont été mis en place. Nous sommes très contents du travail accompli par les enfants après un an dans cette nouvelle école. Ils ont tous obtenu de bons résultats. Ils ont été bien préparés avec la méthode Montessori. Ils sont très tenaces dans leur façon de travailler. Nous espérons que ces enfants pourront servir de modèles aux autres, les encourageant à prendre leur avenir en main.
En 2021, nous voulions continuer à changer des vies. Nous travaillons pour transformer un container de 12 mètres en bibliothèque dans l’école de nos petits. Les travaux sont en cours et on espère qu’ils seront terminés avant la fin de l’année. Faire fonctionner
notre bibliothèque sera notre défi pour 2022.
Je voudrais conclure en disant que croire en l’avenir de la R.D.C, c’est croire en l’éducation, c’est investir pour les futurs citoyens de ce merveilleux pays.
Pour mieux connaître le travail de NYB consulter le site :
Educateur & Formateur Montessori 2.0
C’est très intéressant et Caroline et Murielle assurent une veille pédagogique sur diverses questions au-delà de l’utilisation précise du matériel.
Aide de deux jumelles à Kinshasa
Une école que nous suivons depuis plusieurs années et dont l’association AMIS est Marraine, nous écrit ce message :
Une histoire, notre histoire.
Octobre 2021,
Aline et Alice les jumelles de Ndako ya bana risquent de quitter le programme.
Quand elles sont arrivées à Ndako ya bana, il y a quatre ans, elles ont fait partie de nos privilégiées. Pourquoi ? Parce que leur maman, Séphora, âgée de 14 ans au moment de leur conception, est fragile, analphabète et avec un passé très compliqué.
Quand les filles intègrent le programme, elles habitent non loin de Ndako ya bana dans un centre recueillant les filles-mères.
Malheureusement, au 18 ans de Séphora, elle doit quitter ce centre car elle est majeure. On lui parle de réunification familiale mais sa famille ne veut pas la recueillir avec ses deux enfants. Heureusement, elle trouve finalement un endroit pour héberger ses filles et elle-même.
Catastrophe en début d’année scolaire 2021, elle doit libérer la parcelle.
Elle n’a plus d’endroit pour vivre. Elle pense à placer ses filles chez les religieuses.
Mais nous allons nous battre pour continuer le travail amorcé il y a 3 ans avec elles.
Les jumelles ont obtenu de bons résultats scolaires en première année. Elles ont vécu, grâce à Ndako ya bana, une vie que leur situation de départ n’aurait jamais pu être imaginée, une vie comme la majorité des petites filles.
Nous savons que parmi les personnes qui liront ce message se cache LA personne qui pourra nous aider à trouver un nouvel hébergement aux alentours du quartier du vélodrome à KINTAMBO où les filles sont scolarisées et prises en charge pour les repas et l’accompagnement scolaire. Nous espérons trouver LA solution qui fera en sorte de continuer à pouvoir venir en aide aux plus défavorisés. Nous appelons à la solidarité kinoise pour trouver une solution.
Marie-Paule Lebeau, directrice de l’école Ndako ya bana
Journée des DYS
Hier, un jeune copain de mon fils est venu passer la soirée, au sortir du collège. Ils prennent le bus ensemble, mais ne sont pas dans le même niveau. Ils se connaissent depuis la rentrée. Et ils ont une passion commune : le monde du sport mécanique.
Alors qu’ils goûtent, je les écoute et j’entends de la part de ce jeune garçon âgé de 12 ans, un discours oral très élaboré. Il parle comme un adulte, mieux que certains adultes. Il exprime tout ce qu’il sait sur sa passion et c’est riche et précis ! Il est timide, a un petit défaut de prononciation, est posé et très poli.
Devant mon étonnement face au fait qu’il soit chargé de deux sacs de cours, il me répond qu’il a un ordinateur car ne peut écrire. Je lui demande s’il est dysgraphique. Il me répond qu’il l’est en plus d’être dysorthographique. Je lui dis que mon fils a eu des difficultés à écrire en cursif et qu’il n’écrit qu’en script. Et puis sentant qu’il est en confiance je lui demande s’il a passé des tests. Sans hésitation, il m’explique qu’il a eu des résultats de QI élevés (il me donne le chiffre).
J’avais eu l’intuition de ses différences, grâce aux signes et comportements observés, mais je voulais en être certaine. Ces enfants ont des difficultés fortes dans certains domaines et des habiletés fortes dans d’autres. Il faut les connaître pour respecter, par exemple, le fait qu’écrire avec un outil manuel est très compliqué pour eux et qu’ils ne doivent pas en pâtir.
Samedi 9 octobre, est décrétée journée des DYS. Ils sont nombreux, enfants et adultes, à vivre leur(s) différence(s) au quotidien.
Notre métier d’éducateur est de les accepter et de les guider dans leur développement, avec, selon la philosophie Montessori, un environnement et une ambiance inclusive à tous.
Premiers pas vers la lecture avec les cartes Montessori OML
Vous pouvez vous procurer les cartes sur amazon à cette url : Cahier 1 OML
Demain, nous vous partagerons une vidéo pour soit fabriquer un support mural des cartes en tissu, soit le commander tout fait !
Merci !
A quelques jours d’une nouvelle rentrée des classes, notre équipe pédagogique souhaite remercier les éducateurs, les directeurs, les employés des écoles publiques et privées françaises qui n’ont pas lâché les enfants.
Sans les bons traitements que vous produirez pour nos enfants, qui sont l’avenir de l’humanité, et qui sont ce que nous avons de plus précieux, rien n’est vivable, et rien ne sera vivable.
Depuis des mois, les enfants sont malmenés psychologiquement, mentalement, et donc dans leur entité d’être global, par les décisions et les discours d’adultes.
Redonnons-leur notre soutien, de joie, de gratitude, et si ce n’est avec le sourire, c’est avec nos mains.
Nous remercions donc, vous, tous les intervenants et éducateurs, des efforts bienveillants, des paroles douces et prévenantes, du soutien global positif que vous pourrez leur apporter. Ils en ont besoin eux aussi !
Nous savons oh combien ! ce métier est difficile, nous savons oh combien ! continuer à être parents est difficile et c’est pour cela que nous pouvons réussir ensemble et non pas les uns contre les autres, opposés aux autres…
« L’enfant doit être au centre de nos préoccupations lorsque nous cherchons des voies vers la paix. » Maria Montessori
Pas besoin de masque ni de gel pour vos formations cet été
Nous continuons à vous former cet été 2021, comme depuis 2014, bien avant le virus, à distance sur une plate-forme e-learning que nous avons fait choix de payer pour une qualité réelle de fluidité de nos formations.
Voici ce qu’une finissante en dit « Flexibilité dans la gestion du temps, clareté et qualité du contenu, plateforme de formation très intuitive et agréable, commentaires des autres stagiaires visibles, les exercices de synthèses pour prendre du recul, les vidéos pour se rendre compte de la façon de présenter le matériel «
Manifeste pour le bien des enfants
Barbara est professeur de Mathématiques en collège public et a suivi une formation au sein de notre Académie. Elle parle de son quotidien avec les jeunes de 6e et 5e comme une « épreuve qui dure depuis des mois ».
Des personnes s’expriment sur le sujet sur le site https://www.educationpourlebiendesenfants.fr/actions-en-cours/
Que faisons-nous depuis des pour les enfants, avec les enfants ?
Nous vous laissons y réfléchir.
Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme
S’il y avait une seule bonne justification à tout ce que notre association a fait depuis 1995, ce serait ce que les enfants autistes et leurs familles nous ont apporté en retour.
Nous avons reçu des messages parfois d’appel au secours parfois de remerciements de la part de familles en détresse ou très émues par l’apport de démarches pédagogiques humanistes auprès de leur enfant.
Nous avons formé des accompagnements (vulgairement appelés AVS) dans cet optique de redonner à chacun un peu de conscience des réalités de la diversité du monde.
Nous espérons aller au-delà de l’inclusion qui peut avoir un côté réducteur de l’apport pédagogique global.
Le but ne peut s’arrêter à l’acceptation d’un enfant autiste dans une classe car ce n’est qu’une partie de l’accompagnement. Comme nous le proposons c’est d’environnement et d’ambiance dont il s’agit.
C’est pour cela que nous avons souhaité enrichir les familles et les éducateurs, selon leurs besoins : de la langue française des signes, de démarches globales de respect de l’individu à part entière (Les 5S), d’une méthode d’apprentissage multi-sensorielle du français (méthode OML), de musique à pédagogie sensorielle et de l’approche Pikler.
Nos pensées du jour accompagnent plus particulièrement ces familles touchées par l’autisme.
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