Nous apprenons depuis quelques temps, semaine après semaine, la fermeture d’écoles Montessori, à Paris et en Province. Bien sûr d’autres, apparemment, vont ouvrir, mais elles ne compenseront pas cette perte. Il n’y a pas de chiffres à ce sujet, car les directeurs ne communiquent pas sur la décision de fermer leur école, et on peut les comprendre.
Ceci est l’occasion de nous répéter sur la fragilité multi-dimensionnelle des écoles Montessori privées hors contrat en France. Ce sont des initiatives individuelles, portées par des particuliers, pas toujours compétents dans leur domaine -puisque depuis une quinzaine d’années, certains entrepreneurs ont crû gagner de l’argent dans ce genre d’activité !-. Il n’en est rien, hélas, car on le sait, d’une part, le social ne paie pas en France -nous l’avons constaté ces dernières semaines, en prenant connaissance des salaires des personnels dans le secteur médical et para médical- d’autre part, les écoles privées hors contrat ne reçoivent aucune aide (ni administrative ni financière) de l’Etat, et c’est anormal étant donné que les parents paient dans leurs impôts et taxes de lourdes charges pour le poste budgétaire de l’Education.
Rappelons-le, certains pays de l’Europe (et au-delà) subventionnent les écoles privées (projets sérieux et structurés) ce qui n’est pas le cas en France. L’Etat français va donc « sentir passer » l’augmentation du nombre de ses nouveaux élèves (du fait de la fermeture de ces écoles), qui, à la rentrée se retrouveront dans les effectifs de l’école publique.
Nous pourrions éviter cela. Il suffirait de structurer le réseau des écoles privées hors contrat, d’une façon différente de celle de la loi n° 2018-266 du 13 avril 2018, qui avait pour but de réguler de façon unilatérale les projets privés. Contrôler sans aider, c’est petit et à l’image de notre pays qui se recroqueville et se ferme sur lui-même.
Les solutions existent, constructives, encore faudrait-il que les Français soient motivés et ouverts à des pédagogies et des structures différentes. J’ai sillonné des pays où les enseignants avaient des idées et elles n’étaient pas piétinées avant d’être complètement exprimées. J’accompagne des projets de création de structure en gestation depuis des années, et je vois immédiatement si le potentiel humain de savoir gérer et faire perdurer une structure (car c’est le but) est réel ou pas. Mais chacun se débat pour son projet et les parties s’opposent plutôt que de s’écouter, s’enrichir.
La covid nous a montré combien nos faiblesses, limitations et rigidités étaient grandes sur la transmission des savoirs à nos enfants et combien il fallait assouplir et s’assouplir, tout en choisissant un cadre structurant pour chacun.
L’absence de choix pédagogique (au nom de la liberté), oui, mais si c’est pour brimer la liberté de l’apprenant et lui rendre le chemin difficile, à quoi bon ?