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Les petits enfants dans le train
Aujourd’hui, j’ai pris le TGV pour faire un trajet Paris-Province. Dans un carré devant mon propre siège se trouvait une jeune grand-mère (GM) avec sa petite fille (F) de 3 ans et son petit-fils de 5 ans (à peu près). Le challenge pour eux étaient de passer 3h30 dans cet espace intégré en fond de wagon sans un seul siège libre, en cette période de vacances d’hiver.
Que s’est-il passé ?
Je ne vais narrer que quelques épisodes auxquels j’ai assisté (en audio seulement car je ne voyais pas les occupants des sièges) pour aborder la compréhension du mode de fonctionnement des enfants.
1) Les besoins fondamentaux ou pas
A plusieurs reprises la petite fille a demandé d’aller aux toilettes. Après un premier déplacement, la Mamie décida que ce n’était plus possible d’y aller et qu’elle n’avait pas vraiment envie.
F -J’ai envie de faire caca
GM – Ah non
Plus tard
F – J’ai envie de faire caca
GM- Ah non, tu m’as déjà fait le coup à la gare. C’est sale ici. Ce n’est pas comme chez nous. C’est sale.
F -J’ai envie de faire caca
-Arrête
-ARRÊTE
(Pour m’être déplacée aux toilettes, j’ai constaté ni eau ni papier toilettes. L’état était cependant propre. Mais je conçois que ce soit inconfortable pour une grand-mère d’emmener sa petite-fille aux toilettes. Mais de-là à le lui interdire ?)
Qu’en est-il de nos relations avec les enfants quant à leurs besoins fondamentaux et vitaux, tel est le questionnement. Quid de leur faim, leur soif, leur envie d’aller aux toilettes, leur envie de dormir, leur envie de bouger ?
Actuellement, certains sont très peu respectés, y compris dans les classes de collège ou lycée où les jeunes ne peuvent aller aux toilettes quand ils le veulent; ne boivent pas de en dehors des repas, etc.
2) L’éducation par les menaces
– A un moment, la Mamie, épuisée dit « Je vais me fâcher très fort ! ».
Que comprend un enfant de 3 ans des menaces d’adultes ? Il entend que le ton n’est pas plaisant mais il ne comprend pas les tenants et aboutissants. « Je vais me fâcher » est un terme générique derrière se cachent tout un tas de motifs. S’ils ne sont pas clairement dits, l’enfant essaie de les deviner et les chances de se tromper sont grandes.
3) Le jugement porté sur ce que fait l’enfant
F -J’ai fini de colorier
GM -C’est du gribouillage ! Tu as dépassé là, regarde !
La petite fille avait passé de longues minutes de concentration, dans le silence pour colorier une grande surface. C’était un effort pour elle. L’adulte ne peut balayer d’un jugement ce genre d’engagement enfantin.
4) La notion de temps chez les enfants
F – Quand est-ce qu’on arrive ?
GM – Tu me l’as déjà demandé il y a 5 minutes !
F – Quand est-ce qu’on arrive ?
GM – Je ne t’emmène plus en vacances, si tu continues !
F- On va dormir dans le « crain » ?
GM- Non on va arriver dans une heure et on ira chez Grand-Mamie
F – Quand est-ce qu’on arrive ?
GM – Il ne reste plus qu’une heure !
Qu’est-ce qu’un enfant de 3 ans comprend de ce genre de réponse. Rien, assurément, car il ne sait pas encore grand chose de la vie.
Que pouvait faire sa grand-mère pour adresser cette question de temps qui défile ?
Lui montrer un cadran des heures (ou le lui dessiner) et indiquer régulièrement l’aiguille des minutes qui bouge et progresse. L’enfant aurait appris beaucoup dans ce geste simple tracé sur une feuille de papier.
Ou alors lui indiquer sur sa montre ou son téléphone mobile comment le temps s’écoule. Et l’enfant aurait observé de lui-même.
4) Les relations et les émotions
F -T’es pas contente Mamie ?
GM -Pourquoi je ne serais pas contente ? Tu n’as pas fait de bêtises.
La grand-mère associe le fait d’être contente avec l’attitude de l’enfant. C’est lui faire porter le poids de la responsabilité sur l’humeur. L’enfant doit comprendre que son attitude déclenche une émotion ou un ressenti de l’adulte.
F – Mon petit frère peut pas venir
GM – C’est compliqué de vous avoir tous les trois
F- Quand il sera grand il va avec nous (elle ne sait pas conjugué au futur)
GM – Il va être triste il va vous chercher
Ici la Grand-mère projette une émotion du petit frère, bébé dans l’esprit de la grande soeur de seulement 3 ans.
5) La fatigue de l’enfant
F- Je veux aller chez moi
GM – Qu’est-ce que tu dis ? Tu ne peux aller chez toi, on est dans le train. Tu vas en vacances une semaine chez Mamie.
Cela fait maintenant trois heures que les enfants sont « coincés » dans ce carré de sièges. Ils sont fatigués et cherchent à bouger, à parler fort, à chanter, à vivre. Rien n’est vraiment possible.
La petite fille est montée debout sur le siège (après que la 4è passagère du carré soit descendue du train lors d’un arrêt précédent). Elle passe sa petite tête toute bouclée et me fait un grand sourire. A un moment on entend un grand bruit. Je me baisse et je vois la petite fille allongée à terre sur la moquette du couloir du wagon. La Mamie la prend dans ses bras. L’enfant ne pleure pas.
Elle demande à l’enfant, si elle a mal et lui trouve une bosse sur la tête.
Les enfants se fatiguent plus vite que les adultes. Plus le voyage est long, plus le risque de blessures est grand. Comment adresser cela ? La surveillance de l’adulte doit évoluer aussi, au même rythme. Un enfant fatigué, tombe plus facilement, c’est l’adage.
Plus tard :
GM -Tu es quand même assez sage. Je le dirai à ton papa et à ta maman.
La grand-mère associe une fois de plus le comportement de l’enfant au contentement des parents. C’est un enseignement culturel renforcé qui s’imprime jour après jour dans l’esprit de l’enfant : « ton comportement rend heureux ou pas tes parents. »
C’est mal connaître le comportement humain selon lequel nous déclenchons nous-mêmes des pensées dysfonctionnelles qui déclenchent des émotions dysfonctionnelles. Notre état mental ne vient pas de l’extérieur mais c’est un mouvement qui naît de l’intérieur.
En conclusion, je suis admirative de la patience que la grand-mère a déployé durant ces 3 h30 de voyage (sans compter le temps avant de monter dans le train et après l’arrivée à la gare de destination). Elle a déployé de la force pour maintenir ses deux petits-enfants dans un état de confort maximum. Elle pourrait améliorer encore sa qualité d’écoute, de compréhension et son accompagnement éducatif. Cela demande une initiation à l’Education holistique humaniste que je prône pour le monde de demain.
Murielle Lefebvre
Vous reprendrez bien un peu de salade éducative ?
Qu’est-ce qui change vraiment dans l’Education ?
Les adjectifs qualificatifs, oui, mais ils ne qualifient pas forcément les changements amorcés.
Education nouvelle
Education holistique
Education bienveillante
Education active
Education alternative
Education humaniste,
Neuroéducation, etc…
Quelle salade !
L’éducation n’est pas un buffet où on peut se servir d’un peu de tout et en reprendre si jamais on en veut encore.
C’est un plat préparé pour lequel on a choisi, un par un les ingrédients. Parce que l’on sait, en tant que cuisinier, que si on associe certaines saveurs ensemble le résultat sera désastreux.
Alors que veut dire « éducation nouvelle », que veut dire « éducation active » ? A chacun d’y réfléchir et d’être clair sur sa signification. Au moins pour vous même car si vous demandez à l’extérieur, les avis seront partagés, y compris auprès des gens se présentant comme des spécialistes.
Après tout, ce n’est pas l’adjectif qui intéresse, mais l’approche et la relation avec l’enfant.
Et si vous écriviez les adjectifs décrivant ce dont vous rêvez pour vos enfants et vos petits-enfants et partagiez avec nous !
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