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Méthode OML

Education pour la vie, extraits de la lettre N°39 – Mai 2012

Edito de Murielle Lefebvre

Le XXème siècle a vu émerger une nouvelle position sociale de la femme. – Même si dans beaucoup de cultures le statut de la femme est encore réduit à celui de l’épouse et de la mère.- Notez aussi que notre nouveau président de la république française vient de choisir 17 femmes et 17 hommes dans son gouvernement.

Nous espérons que le XXIème sera celui de la compréhension et du respect de la personnalité de l’enfant. Car, oui, nous en sommes très loin.

Je lis encore des livres de chercheurs contemporains en pédopsychiatrie ou en neurologie qui écrivent que l’on fait des découvertes sur l’enfant. C’est peu vrai, cela fait plus de 100 ans que des chercheurs, dont Maria Montessori fait partie, ont décrit les processus de développement bien spécifiques du bébé et de l’enfant.

Les découvertes actuelles sont surtout liées à l’utilisation de nouveaux outils d’observation et d’enregistrement tels l’IRM.

La vérité est que nous n’avons pas voulu et ne voulons toujours pas voir en l’enfant un être exceptionnel, supérieur en beaucoup de points à l’adulte : ses capacités extraordinaires à absorber le milieu plus ou moins naturel dans lequel il est brutalement immergé mais dans lequel il doit survivre et évoluer.

La vitesse fulgurante avec laquelle son cerveau se développe devrait nous ouvrir les yeux sur une bulle de protection et de respect que nous devrions lui donner dès son plus jeune âge.

Pas de naissance violente ultra médicalisée (utiles à qui en vérité ?), pas de soirées dansantes passées dans un couffin posé dans un coin, pas de longues heures passées dans un baby-relax au restaurant ou à la plage, pas de longues promenades en poussettes en ville, pas de jouets en plastique complètement stériles.

Mais des heures de sérénité sous la surveillance d’une personne bien-traitante, de courtes promenades quotidiennes dans la campagne, une maison sereine équipée pour son développement complet sensori moteur et cognitif.

Cela demande de revoir notre place de parents accueillants durant les 2 premières années du bébé. il faut pour cela soit s’arrêter de travailler pour l’un des parents, soit trouver une personne ou une structure ouverte à cette notion de bien-traitance. Changeons notre mode de vie, le temps que le cerveau de ce petit être mature positivement à son rythme. S’interdire de dire «vite, dépêche-toi !» avant au moins l’âge de 2 ans de l’enfant. Se proposer à soi-même des priorités sur le mode de vie adapté à la cellule familiale.

Bref savoir se poser la question : «Est-ce adapté et bénéfique à mon bébé ?»

A bientôt à tous

Murielle LEFEBVRE

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Présentation du jardin d’enfant Montessori nommé «Pesta».

Ce mois-ci je voulais vous faire connaître deux personnes vivant en Amérique du sud et qui ont concrétisé depuis longtemps une idée d’école,  inspirée de la pédagogie Montessori et de celle de Pestalozzi.

REBECA ET MAURICIO WILD

Rebeca est née en l939, en Allemagne. Elle étudie les langues germaniques, la musicologie et la pédagogie Montessori.

Mauricio Wild de parents suisses, est né en Equateur en 1939. Il suit des études de théologie. Son activité professionnelle le conduit dans le domaine de la biologie agronome.

En 1997 ils fondent un jardin d’enfant Montessori nommé «Pesta».

C’est dans la neurobiologie moderne que Rebeca et Mauricio Wild trouvent la confirmation de leurs observations faites au sein de leur institution, sur l’évolution des enfants.

Voir la vidéo http://vimeo.com/4211517

Chaque être humain a pour but de s’épanouir. Ce qui est primordial dans la démarche faite à Pesta, c’est l’environnement qui y est créé. Pesta est un endroit protégé où les processus de développements sont favorisés, par un accompagnement respectueux.

C’est un environnement détendu, qui est préparé de manière rigoureuse. Les enfants de tout âge peuvent y faire leurs expériences.  A Pesta l’enfant est capable de déterminer ses besoins par lui-même, grâce à la confiance absolue qui y règne. Ce climat stimule la curiosité de l’enfant et le pousse à interroger le savoir de l’adulte.

Source : école en Suisse à www.atelier-pinocchio.ch/

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Utilisation du matériel Montessori par un enfant d’un an

Nathalie qui a suivi la formation pour le niveau I (0-3 ans) avec nous en avril, nous parle de l’utilisation par son fils de la boîte que nous avons fabriquée.

Pour l’instant je mets en pratique quelques activités avec mon garçon (12 mois).

Voyez quelques photos d’utilisation de la boîte. Pour l’instant il l’utilise sans le tiroir et met plusieurs balles dans le trou. Je le sens très concentré, il met la balle puis va la chercher loin si elle a roulé, puis revient la remettre et retourne la chercher, ainsi de suite pendant de longs moments.

J’ai fait une sorte de tirelire avec des jetons de cartons et au début il n’y arrivait pas mais aujourd’hui il en a mis plus de 10 dedans et il mettait beaucoup d’application à prendre les jetons et les apporter au-dessus de la tirelire puis les tourner si besoin était et enfin à les lâcher. Je trouve cela vraiment excellent et étonnant.

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Mes plus grandes joies en tant qu’éducatrice montessorienne, par Flore C.

On m’a posé la question : quelles ont été mes plus grandes joies en tant qu’éducatrice montessorienne ?

En voici quelques-une :

…Lorsque généralement au bout de deux mois environ, les petits nouveaux de trois ans se normalisent. Ils s’apaisent, leurs gestes se coordonnent, leur expression devient joyeuse et sereine et ils deviennent actifs et concentrés. Pour certains, cela prend plus de temps, il faut parfois jusqu’à un an, mais c’est assez exceptionnel.

…Lorsque la classe tourne si bien que ma collègue et moi nous nous retrouvons sans rien avoir à faire (en quelque sorte !) et nous nous mettons à rire : nous voilà au chômage !!

…Lorsqu’un petit garçon adorable de quatre ans mais très coléreux refuse tout déguisement le jour du carnaval ou à la maison, au point que la maman n’a pas l’intention de le faire participer au spectacle de fin d’année. Je demande à la maman le bénéfice du doute et après une longue absence pour diverses raisons, l’enfant participe à la préparation du spectacle seulement une semaine avant. Le jour du spectacle de l’école, il réclame la toque en fourrure et la cape et le voilà habillé avant les autres pour la représentation, fier comme un petit homme ! C’est son grand-père venu tout exprès de Londres qui était content !

…Lorsqu’on trouve la clef de la lecture pour des enfants de quatre ou cinq ans qui y semblent rebelles. Une petit Suédoise de quatre ans connaissait presque toutes ses lettres à Noël. A la rentrée, nous faisons une révision. Je prends la lettre rugueuse A. Elle touche et me dit « A ». Je prends la lettre rugueuse suivante. Elle touche et me dit « A ». J’en prends une troisième. Elle touche et me dit « A ». Et ainsi de suite. Désemparée, je la laisse et je réfléchis. Quelques jours plus tard, elle se met à jouer avec une copine aux « poissons », des poissons en papier plastifié, chaque poisson ayant au dos une lettre de l’alphabet. Le jeu consiste à se passer chacun son tour la « canne à pêche » (où se trouve fixé un aimant au bout d’une ficelle, tandis que chaque poisson est muni d’un trombone) et de jouer à lire également chacun son tour la lettre au dos, l’autre enfant observant ou complétant. C’est un matériel complémentaire pour enfants déjà bien avancés dans les lettres. Je travaille avec un autre enfant non loin de la petite Suédoise et j’écoute d’une oreille. Elle a lu toutes les lettres qu’elle a tirées et s’assurait même que sa partenaire ne s’était pas trompée ! Nous sommes passées à l’alphabet mobile la fois suivante.

Un enfant de cinq ans, Canadien anglais, refusait systématiquement de travailler avec les lettres rugueuses. L’anglophone de la classe était partie brusquement et j’avais besoin de connaître son niveau. Pourtant, un enfant de cinq ans dans une classe montessori depuis un an et trois mois de classe ne pouvait pas ignorer un certain nombre de lettres. J’ai eu une inspiration. J’avais des cartes plastifiées représentant chacune une image commençant par une lettre de l’alphabet (apple pour a, ball pour b, etc.) – matériel présenté par Murielle en formation ! et des cartes de même taille représentant chacune une lettre de l’alphabet anglais (script). Sans aucune hésitation, il a placé toutes les images sur les cartes portant la lettre correspondante !

Mais ma plus grande joie… !! Elle est venue d’une petite fille qui, à quatre ans, ne voulait travailler qu’avec du matériel de trois ans. Au second trimestre, elle n’avançait toujours pas. Alors je lui ai annoncé avec douceur qu’on allait faire les barres numériques. Refus. « C’est pas grave, lui ai-je dit, je vais le faire et tu vas juste regarder. » Finalement, elle a accepté d’aller chercher les barres avec moi. Une barre l’une, une barre l’autre. Quand toutes les barres se sont trouvées sur le tapis dans l’ordre, je lui ai présenté la barre « one ». A l’âge qu’elle avait et dans le milieu montessorien où elle se trouvait depuis plus d’un an, je me doutais qu’elle connaissait le nom d’au moins plusieurs barres. Au bout d’un moment, je lui ai suggéré de participer. Refus. Finalement, je lui ai demandé de me dire le nom de la première barre en secret à l’oreille. Elle s’est penchée vers moi. Je n’ai rien entendu, mais j’ai vu « one » se former sur ses lèvres. Nous avons continué, elle s’est mise à chuchoter. Et puis la voilà lancée, et, sans que je le lui demande, elle a continué  jusqu’à la barre de dix qu’elle connaissait parfaitement. Je l’ai remerciée et nous avons rangé ensemble. Elle s’est alors mise à danser de joie dans la classe. Depuis lors, elle a rattrapé son retard. Elle a six ans aujourd’hui et se trouve en première année de primaire.

Quand je parle de retard, je veux dire, retard par rapport à la progression générale des enfants de son âge. Il n’était pas normal qu’elle n’aie pas la motivation pour progresser. Tout en elle fonctionnait bien, et elle était intelligente et bien intégrée dans la classe. Sa joie d’avoir dépassé son blocage était évident. J’étais prête, avec l’accord de ma collègue francophone, à passer du temps avec elle, à lui redonner confiance par mon attention concentrée. Ma propre motivation, ma confiance en elle, ainsi que mon intérêt pour elle étaient évidents. Mais aussi mon respect pour ses refus. Je les ai acceptés, tout en lui montrant ma motivation.

Une classe montessori est une source de joies innombrables. De trois à six ans, l’enfant a une telle soif de découvrir, d’explorer, de réussir ce qu’il a entrepris que c’est une véritable joie de le voir progresser, à son rythme et à sa façon. Et que dire de tous ces petits visages attentifs aux jeux collectifs, leur fascination pour les expériences de science, et pour toutes les découvertes que les éducatrices ont le bonheur de préparer avec eux ! Que dire de la joie de chanter, de mimer ou de danser avec eux toutes ces chansons traditionnelles ou trouvées sur Internet !

Flore C.

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Gérer ses frustrations, par Murielle.

Le matin, son père ou moi, pouvons déposer notre fils de 3 ans et demi à l’école Montessori à 8h30. Une des 2 éducatrices l’accueille à la porte très gentiment, nous signons la liste et repartons rapidement sur notre lieu de travail. Comme beaucoup d’enfants, il a plaisir à ce rendre à l’école, le matin se passe très bien.

Le soir est une autre histoire puisque nous devons venir le chercher à partir de 3h30. Alors que nous arrivons dans le jardin de l’école, il est en train de jouer depuis quelques minutes et n’a pas eu vraiment le temps dans la journée de jouer au bac à sable, de se déguiser ou d’observer le lapin et la lapine.

Actuellement, c’est surtout le bac à sable qui le motive, et cela dure depuis 2 semaines. C’est vrai que cet endroit est large et profond, que le sable est fin et chaud, que les jouets sont sympathiques.

Alors comment faire ? Je vois bien les autres mamans ou papas désespérés et je tourne la tête pour ne pas voir le petit Alex se rouler par terre quand sa maman sature d’attendre et veut s’en aller.

J’ai réfléchi du point de vue des parents mais aussi du point de vue des éducateurs.

– Les parents sont contents que leur enfant arrive joyeux à l’école. Ils voudraient que les enfants la quitte tout aussi joyeux.

– Les éducateurs sont heureux d’accueillir des familles de bon humeur. Ils devraient aussi veiller à ce qu’ils repartent de même.

Alors comment faire ? Les petits enfants ne savent pas encore bien exprimer ce qu’ils ressentent et les fins d’activités agréables sont difficiles à accepter. «Pourquoi arrêterais-je de jouer dans le bac à sable ? Maman me propose une glace mais c’est encore moins bien que mon plaisir immédiat.» Ne nous mettons pas à leur place car leur mode de raisonnement n’est pas le nôtre.

«J’attends depuis 30 minutes et il n’est pas lassé du bac à sable ! Je craque ! Je lui ai dit encore 5 minutes mais cela n’a pas eu d’effet sur lui ! Help !» Oui les parents ont besoin d’aide dans ce genre de situation. L’équipe pédagogique peut venir en aide. Et c’est ce qui c’est passé 10 minutes plus tard car le rangement était engrangé par toute l’équipe et là les enfants acceptaient la fin de cet instant.

Travaillons ensemble sur la frustration, la patience et la communication.

Murielle LEFEBVRE