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Méthode OML

Education pour la vie, extraits de la lettre N°29 – Mai 2011

Edito de Murielle Lefebvre

Décidément les Etats Unis d’Amérique sont très en avance sur l’Europe en matière d’applications concrètes de la pédagogie de Maria Montessori. Les écoles ne se comptent plus  tant elles sont nombreuses, publiques et privées, et intermédiaires (charter). Idem pour les centres de formations.

Je viens de passer un mois à visiter et observer des classes de nido (crêche) et de middle schools (collèges).

Quelle chance réelle auront ces enfants de pouvoir passer une année dans un nido ! Vous pouvez croire que je suis sincère étant donné que grâce à mes 4 fils nous avons pu vivre différents modes d’éducation, et là je pense qu’on est dans la solution la meilleure (quand la maman n’allaite pas et travaille).

Pour le collège, je suis moins catégorique; l’adolescence est un bouleversement pour tous, pour les enfants eux-mêmes, pour les parents, pour par les éducateurs. Donc pas facile de prévoir une  structure éducative optimisée en accord avec la pédagogie de Maria Montessori.

L’observation est la gymnastique d’entretien de notre métier d’éducateur, exercice indispensable à notre éveil et maintien professionnel.

C’est une source inépuisable de messages envoyés par les enfants.

Tenter l’exercice, vous ne serez pas déçus !

Merci à Brigitte PAPADOPOULOS pour son écrit du mois et à Patrick LERNER qui publie sur la toile, nous partageons avec vous ces idées, cher(ère) adhérent(e).

Merci de nous lire et de nous être fidèle.

Murielle Lefebvre

Responsable pédagogique de TMF

Découvrez des photos et des explications quotidiennes sur le « nido montessori » pour les bébés sur le blog http://www.blogbbmontessori.com/

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Pourquoi amener l’esprit Montessori dans nos maisons ?

«  Pour apprendre à lire, écrire, l’enfant doit recevoir des stimulations cognitives, sociales et affectives. »                      Pr Changeux dossier de Rech Scientifiques n°40

Nous sommes ici, au coeur de l’éducation  de Maria Montessori et cela, même si 103 années séparent la vision actuelle du Pr Changeux et les certitudes selon lesquelles le  Dr Montessori a fondé sa pédagogie –  « les périodes dites sensibles de l’enfant ».

Elle comprit très vite les différentes phases du développement et du fonctionnement du cerveau et cela sans IRM – par simple observation.

Il est primordial que les parents continuent ces apprentissages à la maison car le développement cérébral n’est pas cantonné à l’école.

Cela va les aider à se concentrer sur des petites tâches de plus en plus longues et complexes. Jusqu’aux apprentissages de la lecture, écriture, résolution de problèmes …

Grâce à cet entrainement qui va devenir un réflexe l’enfant va s’éveiller – les synapses vont connecter les neurones entre eux, et  faire circuler le flux d’énergie nécessaire à l’établissement des passerelles indispensables au développement cérébral.

Selon l’histoire de chacun, nous allons la plupart du temps, par reproduction éducative ou manque de temps, donner des successions d’ordres à nos enfants.

« Range ta chambre ! »

« Ramasse la serviette par terre ! »

Avec ce mode de fonctionnement nous empêchons nos enfants de se sentir concernés par ce qui les entoure. Bien sûr, les choses seront faites mais uniquement par obligation ou peur de la punition.

Les enfants se mettent en mode « pilotage automatique » qui aura pour conséquence, un peu plus tard la fameuse crise des ados – qui, d’un côté se rebelleront contre les ordres mais d’un autre côté, seront incapables de décider par eux mêmes- faute d’entrainement.

D’autres modes de communication permettent d’une part de ne pas se laisser déborder par les serviettes qui trainent et d’autre part aident nos enfants à faire des relations de cause à effet indispensables à la construction de leur propre mode de raisonnement.

Ceci n’engage que moi, mais je suis intimement convaincue que Maria Montessori n’a pas eu le temps de s’occuper de ce côté « éducation à la maison », mais si elle l’avait eu, elle aurait probablement aidé les parents à se former de façon plus formelle à cet autre mode d’échanges plus constructifs.

Certainement seule garantie de former, non pas des éternels pseudo adultes avec un insatiable besoin de reconnaissance, soumis à l’approbation permanente de tiers, mais de futurs citoyens responsables de leurs actes.

Voilà pourquoi la pédagogie Montessori ne doit pas rester qu’entre les murs de nos écoles mais doit s’installer dans nos cuisine, salon, salle de bains, terrains de jeux ….

Le Dr Montessori n’est plus là, mais nous pouvons adapter sa pédagogie à l’avancée des neurosciences et certaines méthodes qui se complètent à la perfection !

A suivre…

Bri Papadopoulos

Coordinatrice en Pédagogie Familiale et Scolaire.

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L’éducation, un texte de Patrick LENER

Comment répandre le savoir pour qu’il se sédimente sur notre terreau, notre pâte humaine intime et inaliénable ? Comment exiger du savoir antérieur qu’il comble les véritables interstices de notre appétit du moment ? Est-il possible de pister notre appétit d’éducation ? Les moyens modernes de détection – imagerie cérébrale – permettent bien de pister le parcours de nos désirs, de nos réactions, de nos émotions. L’éducation ne pourrait-elle pas être à notre service en écartant le postulat que nous serions paresseux et qu’il faudrait par conséquent nous inculquer… nous inciser le savoir ?

Au commencement, comment sommes-nous ? Nu comme un ver. Mais encore ? Le ventre de la mère est le premier atelier de notre construction. La fécondation semble être un processus chimique et physique échappant à toutes tentatives d’interventions. A priori, et même certainement, nous arriverions nu, vierge de toute valeur éducative, constitué d’attributs physiques et psychologiques qui seraient les premiers outils dont nous aurions besoin.

Nous ne naissons pas « éduqués », nous naissons en devenir de préhension dans un monde qui est déjà complètement le nôtre. Nous y sommes inscrits, nous sommes un être vivant sur lequel personne n’a plus droit de vie ou de mort. Alors que, neuf mois auparavant, il était de la libre décision de nos géniteurs de se retirer ou de venir.

Supposons qu’à notre naissance, nos facultés soient davantage développées, doté déjà de la capacité de libre arbitre, de faire des choix de vie. La révolution, quasi copernicienne qui en découlerait, ferait disparaître l’éducation parentale au profit d’une auto-éducation choisie. Cette hypothèse démontre que nous ne pouvons choisir pour nous-mêmes ce qui nous concerne… jusqu’à notre majorité, un précepte démocratique amusant, décrétant le seuil de la responsabilité à dix-huit ans. En réalité, ce passeport pour la vie adulte est un faux : la matrice de l’individu, soudainement libéré, était déjà formatée dans un monde de convictions et de raisonnements : l’individu arrive à cet état adulte « éduqué pour les autres » et non pas « éduqué pour lui-même ».

Notre recherche de moyens d’agir sur notre destinée est ici confrontée au plus important dilemme, à la plus difficile question car ce qui se joue au cours des premières années constitue la fondation de l’être, le fondement de l’Homme sur lequel sa vie entière va progresser. Tout se joue avant six ans, disent les psychologues de l’enfant ! Alors prudence pour ce que nous allons dire.

Il n’en demeure pas moins que sur le plan expérimental, une méthode d’acquisition de savoir choisie par l’individu serait davantage plus efficace qu’une méthode qui lui serait imposée. Le libre choix de la connaissance crée un phénomène initiatique d’accouchement par soi-même, de découverte de ses propres facultés, de ses désirs et des aboutissements. Toute l’énergie de l’impétrant est vouée à son libre choix auquel il adhère de manière quasi plastique, sans interstice laissé pour le doute, la réaction négative ou le désabusement.

L’expérience réussirait à coup sûr si nous n’étions pas partis d’un conditionnel, de ce « si » préjugeant que le nouveau-né possèderait des dispositions intellectuelles et physiques. Puisqu’à la naissance il ne les possède pas il faut les lui donner ! Trop simple à dire ? Mais possible à faire. Il s’agit de ne pas laisser entreprendre une quelconque éducation avant que l’enfant n’acquiert sa conscience et sa capacité de choix et de décision de ce qu’il veut être.

Or que faire de l’enfant en attendant cette date imprédictible ? Si on envisage de s’occuper chez son enfant que du développement de ses capacités d’éveil (physique pour son autonomie, et intellectuelles pour l’acquisition de connaissances), cet accompagnement de son développement doit prendre un caractère de sacerdoce, de mission laïque, où l’on s’interdit toute référence à une préférence personnelle, à une expérience réussie ou échouée, à un jugement d’autrui, à un diktat de la société.

Non, on est ici dans un travail en univers aseptisé, comme si une bulle nous permettait de tendre à l’enfant les outils dont il a besoin tout en nous interdisant d’y introduire un quelconque parfum qui nous identifierait comme précepteur influent.

Pardon si ces mots heurtent la sensibilité justifiée qui caractérise nos rapports avec nos enfants, mais ce n’est qu’une question de changement de méthode. De la même façon que la personne que nous aimons a besoin que nous la laissions libre, renforçant ainsi l’amour entre nous, notre enfant ne doit pas nous appartenir.

Faire un premier état des lieux.

A quel âge l’enfant atteindrait-il l’étape d’un être « prêt-à-vivre » ? Peu importe en fait, ce n’est pas une course mais un aboutissement naturel, dépendant de son biorythme interne. Au contraire d’un programme venant de l’extérieur il s’agit de laisser venir une floraison intérieure. Entre-temps, nous devenons son accompagnateur sur un chemin de découvertes, et la découverte peut se révéler tout autant passionnante pour l’accompagnateur : il peut redécouvrir des processus d’acquisition de connaissances qui lui ont échappés. Tout comme le libre arbitre qu’on n’a pas établi en notre temps et qu’on sent pousser chez son enfant.

Pour rester strictement dans une attitude de service à l’égard de notre enfant, le travail exige une honnêteté intellectuelle, c’est-à-dire sans concessions ni accommodement. Ce n’est pas de la servilité mais de la neutralité opérationnelle, pour éveiller, tendre les outils, expliquer la mécanique des choses, sans jamais juger, influencer, conseiller, agir à sa place.

Petit à petit, émergent de terre les prémices des fondations, l’orientation, la grandeur et le sens de l’édifice humain. Or, à la différence d’une maison qui ne suivrait pas ses propres plans mais ceux d’un architecte dirigiste, ce sont ici les murets visibles de la personnalité naissante qui projettent les lignes de force, les trajectoires, les choix et les refus, en direction de son environnement.

La fonction de l’accompagnateur est de présenter à l’enfant ce que ce dernier vient de faire apparaître : la construction de son édifice. L’essentiel est d’être parvenu à ce que l’enfant discerne son propre plan, qu’il puisse commencer à le confronter à des éléments extérieurs, qu’il s’interroge, qu’il se réalise enfin dans la société. Là encore, l’honnêteté est de rigueur afin que la société externe apporte des données éclairantes et non influentes.

Le nouvel Être – on peut l’appeler ainsi – prend conscience progressivement de son propre inventaire. Il réalise son premier inventaire toujours avec l’accompagnement de ses parents qui doivent accepter ce que devient leur enfant. Il n’est plus question de l’état d’extase de l’arrivée du nouveau-né. Ce qui nous est révélé désormais, c’est l’Être – encore miniature, certes. Il y a peut-être encore la velléité, la tentation de contrôler l’éducation, de déchirer le plan, de crier à l’erreur. Ce serait dommage en si bon chemin et ce serait surtout néfaste d’étouffer dans l’œuf une personnalité qui ne nous appartient pas, qui ne nous a d’ailleurs jamais appartenu. Car en effet son plan surprend nos plans, il contrarie nos désirs, notre volonté que nous projections dans notre enfant. L’humain que nous avons devant nous doit se préparer à vivre pleinement ses choix, et l’éducation, au sens où nous l’entendons encore aujourd’hui, peut désormais commencer. Comme si, aux Droits de l’Homme à disposer de lui-même, nous instaurons les Droits de l’Enfant à choisir lui-même ses outils éducatifs pour devenir un adulte autonome et épanoui.

Des choix à prendre ou à laisser.

C’est le premier choix, c’est la première décision, c’est l’établissement de la première liste de ses préférences quitte à devoir envisager d’abandonner ce que l’on aime.

La première partie de la vie d’un enfant, cette autodécouverte de soi-même, démontre tous les possibles sans lui cacher non plus les impossibles. Tout reste dans un champ de possibles avec toutefois l’introduction naturelle que l’on ne pourrait faire qu’une seule chose à la fois ; ou que d’autres nous seraient plus faciles à réaliser. Aussi, la continuité de ces lignes de force de la personnalité naissante lui sert également de ligne de bornage pour le champ de ses possibles ; la découverte de ce que j’aime et de mes capacités, au regard de ce que j’abhorre et de ce que je ne sais pas faire, m’indique clairement où je veux aller et où je ne veux pas aller, parmi les opportunités que la société m’offre au moment où je fais mon choix. Il ne s’agit ni plus ni moins, sans fantasme révolutionnaire, que de laisser prendre des choix de vie par celui qui devra les vivre. Pourquoi ne le laisserait-on pas agir ? Par peur sans doute ; mais aussi par égoïsme de voir notre enfant prendre une autres place dans la société que celle que nous aurions voulu pour lui, et flatter ainsi notre orgueil. Nous avons peur également de l’avenir, nous projetons nos peurs sur notre enfant, et nous nous réfugions dans le cadre connu et formaté de l’éducation forcée institutionnelle plutôt que celle inexplorée de l’éveil accompagné.

A ce stade, s’introduit pour l’enfant une règle sinon une obligation d’être cohérent, exigeant, persévérant dans l’éducation qu’il s’est librement et consciemment choisie. C’est un choix d’homme introduisant la véritable condition d’homme. C’est sans doute beaucoup demandé pour les mentalités actuelles mais le temps gagné et la dignité de choix acquise viennent à la rescousse. L’individu acteur de ce choix, de son choix, n’a aucune raison de flancher ou de vouloir revenir en arrière tant les paramètres de son analyse sont justes, tant la maturation de ses préférences est personnelle, libre et sereine. Mais le processus ne peut inclure la versatilité d’une personnalité, le renoncement à un choix. Versatilité à ne pas confondre avec la possibilité d’affiner un choix ou d’en changer du moment qu’il y a toujours un choix réel avec volonté de l’assumer.

La cohérence des décisions même si l’on doit par nécessité les remettre en question, et le respect de soi, sont les maîtres mots à préserver tout au long de ce parcours vers la vie d’adulte, et tout au long de son existence. La société doit nous y aider, elle doit nous former pour nous construire, elle est aussi dans l’exigence de nous demander de tout faire pour atteindre nos buts. Le tutorat de la société fait partie de la palette des choix qui nous est présentée.

Si une aversion à s’éduquer, à ingérer des connaissances apparaissait, cette attitude devrait être prise en compte et être respectée. L’individu ne s’exclut pas pour autant. Cette vacance de participation à la société ne constitue pas un état permanent dont ladite société aurait à s’excuser. Les particularités contradictoires existent et doivent être respectées dans le principe inaltérable de la liberté individuelle, elles deviendraient inacceptables si cette situation de refus portait atteinte au respect de soi-même ou des autres, à l’obligation de devenir autonome et affranchi d’un état permanent d’assistanat.

J’ai conscience de la limite dangereuse qu’introduisent ces exceptions éducatives. La clairvoyance qui prévaut dans le parcours d’éveil à la décision sera la même pour comprendre les déviances délibérées ou épisodiques qui surviennent dans chaque vie. Cette clairvoyance est une sollicitude de la plus belle veine humaniste ; attitude humaniste qui se doit de comprendre que tous les individus ne veulent pas nécessairement participer à l’édification de la cité, il ne faut donc ni les contraindre, ni les conforter.

Sommes-nous pour autant arrivés à faire naître « l’Être adulte » ? Sans doute devrons-nous y parvenir sans destructions des savoirs et des valeurs mais en canalisant leur véritable potentiel vers des appétits réellement manifestés, vers des facultés mentales et physiques réellement existantes.

Entre-temps, tous les propriétaires mandarins du savoir vont certainement troquer leur rôle de prescripteur pour celui de découvreur. Ils y gagnent forcément en voyant de leur vivant le résultat de leur accompagnement, en établissant un lien générationnel d’amour et de partage plus vibrant, honnête et gratifiant que celui du prestige que confère l’autorité et la détention exclusive du savoir.

Retrouvez d’autres textes de Patrick Lener à http://lenerecrits.blogspot.com/