Nos formations en ligne

Le dernier livre de Murielle !
Notre page sur Facebook
Notre page sur Instagram

Notre chaine YouTube

Méthode OML

Education pour la vie, extraits de la lettre N°2 – Décembre 2008

Editorial par Murielle Lefebvre

BONNE ANNEE 2009 à tous les montessoriens et les montessoriennes !

En ce début d’année 2009, chargé de lourdes nouvelles d’affrontements dans différents pays sur notre planète, nous décidons de nous engager à la suite de Maria Montessori sur le chemin de l’éducation de l’enfant positive et pacifique. Je vous invite à lire ou relire les conférences données par  Maria Montessori sur l’éducation et la paix.

L’éducation à la paix ne saurait se réduire à un enseignement donné dans les écoles. C’est une tâche qui demande les efforts de toute l’humanité.

L’enfant est pour l’humanité à la fois un espoir et une promesse. En prenant soin de cet embryon comme de notre trésor le plus précieux, nous travaillerons à faire grandir l’humanité.

Concrètement nous allons vous proposer en 2009, des conférences et formations sur la paix dans l’éducation.

Murielle LEFEBVRE

=========

« La préhension chez l’enfant de 3 mois » De Josette Gabriel

Retrouvons notre tout petit enfant vers 3 mois. Si jusqu’alors il observait allongé en position dorsale, maintenant il se sert de ses jambes, ses bras, ses mains, essaie de toucher de petits objets mis à sa disposition qu’il peut saisir ou secouer sans doute involontairement au départ puis volontairement.

Placé en position ventrale, il peut s’y maintenir appuyé sur ses avant bras en redressant de mieux en mieux sa tête (l’activité des muscles de la nuque et du cou est importante à mettre en place). C’est vraiment important de reconnaître que cette position ventrale est le point de départ véritable du développement de la motricité grossière et donc de la favoriser pour jouer. Puis l’enfant se retournera du ventre au dos et du dos au ventre. De la position sur le ventre, toute la suite en dépendra et bientôt il pourra ramper, rouler puis se déplacer à 4 pattes, étape fondamentale de son développement lors de sa 1ère année. Mais ceci est une autre étape et revenons à ce moment idéal  aux environs de 3 mois pour lui proposer des activités de préhension qui lui permettront d’exercer peu à peu sa main et d’effectuer des gestes de plus en plus précis.

Comment évolue la préhension manuelle du tout petit ?

Dès sa naissance (et même avant) et durant les 2 premiers mois, on observe le réflexe d’agrippement (grasping) avec fermeture automatique des doigts, le pouce restant inactif, sans commande de la détente. Ce réflexe est à la fois palmaire et plantaire, sans doute la manifestation d’une mémoire ancienne de l’évolution et les restes d’une époque où les petits animaux s’agrippaient à la fourrure de leur mère à l’approche d’un danger. Aujourd’hui il a perdu cette utilité mais  contribue à l’intégration de la sensibilité tactile et à l’apprentissage de la motricité des mains et des pieds.

Peu à peu ce réflexe se fait plus discret et la sensibilité de l’intérieur des mains et sous les pieds s’atténue. Le bébé apprend à relâcher ses doigts et à détendre ses pieds. C’est essentiel car pour saisir un objet, l’enfant  devra savoir serrer mais aussi ouvrir la main. De même, il lui faudra pouvoir étendre son pied pour avoir ensuite un  bon contact avec le sol. L’inhibition/intégration du réflexe palmaire est  nécessaire pour que l’enfant puisse opposer le pouce aux autres doigts puis tenir un objet, un crayon en pince de précision réunissant pouce et index .

C’est par différentes étapes qu’il y parviendra : après le grasping (palmaire) vient la préhension de contact involontaire quand un objet est placé dans la main, puis la préhension volontaire imprécise. Le tout petit tend la main pour saisir un objet et allie alors à son évolution la vue et le toucher c’est à dire la coordination oculo motrice si importante pour les activités futures de l’enfant et dont nous serons amenés à reparler très prochainement. Ensuite apparaît la préhension en pince, vers 7 /8 mois environ, d’abord en pince inférieure (objet saisi entre le pouce et l’auriculaire) puis en pince de précision (objet saisi entre le pouce et l’index) un peu plus tard. Parallèlement l’enfant acquiert le relâchement volontaire de l’objet, global  puis de plus en plus précis. C’est le début de l’indépendance manuelle  et il est alors amusant d’observer comment l’enfant joue à retourner les objets dans tous les sens. C’est vers 15/16 mois qu’il acquiert le perfectionnement du relâchement fin et précis et qu’il peut introduire de tout petits objets dans le goulot d’une bouteille acquérant ainsi le sens du « contenant » et du « contenu ». Ce sera vers 2 à 3 ans qu’il pourra tout manipuler avec plus de précision manifestant une motricité fine de plus en plus élaborée.

Mais si ce réflexe palmaire persiste, il sera difficile à l’enfant d’utiliser sa main comme une pince pour tenir sa cuillère, sa fourchette ou un crayon, d’apprendre à lacer ses chaussures, tout ceci par manque d’agilité dans les doigts, de poser son crayon sur son pouce pour écrire… entraînant une maladresse persistante, une hypersensibilité dans la paume qu’il stimulera en frottant ses 2 mains ou en tripotant des objets, une mauvaise prise du crayon (mais ce n’est pas la seule raison) et donc des difficultés dans la mise en place de la motrice fine.

De même en ce qui concerne le réflexe plantaire : le talon sera parfois si sensible que l’enfant aura tendance à marcher sur le bout des pieds pour éviter de le poser par terre ce qui risquera d’entraîner un développement plus difficile de la voûte plantaire, la marche s’initiant à partir du talon. Il pourra également manquer de tonus musculaire du pied ou de la cheville et là on pourra observer un affaiblissement de la voûte avec risque de « pieds plats. »

Pour prévenir ces risques de persistance parasitant l’évolution naturelle de l’enfant, des petits massages doux des mains et des pieds favoriseront leur détente (avec une huile végétale naturelle), des petits mouvements pour serrer et desserrer les doigts volontairement, des jeux de mains et de doigts, des jeux de balles, plus tard de billes aideront à l’intégration de ces réflexes pour laisser place à une motricité de plus en plus volontaire.Nous reviendrons sur ces différents points dans de prochains articles.

Maria MONTESSORI dans ses ouvrages souligne l’importance du développement de la main, outil de l’intelligence.

« La main est cet organe dont la structure fine et compliquée permet à l’intelligence de se manifester, à l’homme de prendre possession de l’ambiance, de la transformer et, guidée par l’intelligence d’accomplir sa mission dans le cadre de l’univers ».

Elle nous  parle de l’extrême importance des activités de manipulation pour l’enfant qui a besoin d’objets extérieurs qu’il doit trouver dans l’ambiance préparée pour lui et dit : « une simple défense de toucher résout le problème vital du développement de l’enfant ». Mais combien de fois répétons nous à nos enfants « ne touche pas », « ne bouge pas », « arrête, laisse cela tranquille »!

Après avoir proposé différents mobiles au tout petit, M.M. offre dès qu’il saisit (involontairement puis volontairement) des objets légers, durables et si possible en bois, tenant compte de la taille de sa main et lui permettant d’exercer une motricité de plus en plus fine :

des objets suspendus : mobiles assez bas maintenant pour qu’il puisse en saisir des éléments (ce qui nécessite un fil d’accrochage plus résistant), balles en tissu suspendues avec ou non des reliefs ( coton, éponge…), des anneaux de rideau en bois avec des grelots , des rubans… Une petite astuce consiste à ajouter un petit morceau d’élastique type « soutien gorge » entre le fil de suspension et l’objet afin d’offrir à l’enfant un petit rebond (comme le pompon des manèges) !

des objets libres : sortis des étagères basses et déposés sur le tapis où est installé l’enfant, qui ne doivent pas se déplacer trop vite pour que le petit ne perde pas le contrôle et arrive à les attraper (au début des objets qui ne roulent pas).

Balles en tissu, de jonglage, grelots, hochets en paille, petits instruments sonores, perles de préhension en bois….

Afin que l’enfant ne saisisse trop facilement l’objet, l’adulte le placera un peu en avant de sa main pour lui offrir la possibilité d’évoluer et d’évaluer la difficulté, de prendre conscience de son corps dans l’espace et d’introduire les notion d’effort qui peu à peu le mènera à la confiance en soi de base.

1,2,3 objets maximum seront ainsi mis à sa disposition car trop de stimulations nuisent à l’enfant plus qu’elles ne lui profitent et peuvent entraîner des comportements d’agitation, de dispersion ou au contraire de fermeture.

Témoins privilégiés du développement de votre enfant, vous pourrez observer chaque jour avec un grand bonheur les petites mains qui saisissent les objets, les passent d’une main dans l’autre, les portent à la bouche (pour mieux les apprécier), vivantes, expressives et si harmonieuses . Toutes fermées au départ, elles vont peu à peu s’ouvrir à la vie et partir à la découverte du monde environnant favorisant de jour en jour l’autonomie.

Si, après lecture, des questions se posent à vous, n’hésitez pas à m’en faire part et j’essaierai d’y répondre.

Je vous souhaite à tous enfants, parents et grands parents (j’en fais partie !) une agréable nouvelle année remplie de tendresse et de bonheurs partagés.

A très bientôt,

Josette, Enseignante formatrice Enfance

=========

Un conte de Sara Cone Bryant 

                                   Les dix fées

  Il y avait une fois une gentille petite fille qu’on appelait Elsa. Le père et la mère d’Elsa avaient beaucoup travaillé et ils étaient très riches, mais ils aimaient si follement Elsa qu’ils ne voulaient rien lui laisser faire du tout.

Elle ne savait pas balayer une chambre, ni coudre une robe, ni faire la cuisine ; elle ne savait que rire et chanter tout le long du jour. Mais elle était si jolie et si douce que tout le monde la chérissait. Elle épousa un jeune homme qui l’aimait et s’en alla vivre avec lui loin de ses bons  parents.

Alors commencèrent des temps bien durs pour la pauvre Elsa. Il y avait des quantités de choses à faire dans la maison et elle ne savait pas comment s’y prendre. Quand elle essayait de faire quelque chose, tout allait de travers et elle était fatiguée avant même d’avoir commencé !
La servante venait et disait :

« Comment faut-il faire cela, Madame ? Et comment faut-il arranger  ceci ? » et Elsa était obligée de dire : « Je ne sais pas ». Alors la servante répondait : « Je ne sais pas non plus moi » et, parce qu’elle voyait sa maîtresse rester tout le jour sans rien faire, elle ne voulait rien faire non plus.

  Le mari d’Elsa n’était pas content du tout; il n’avait rien de bon à manger, le dîner n’était jamais prêt à l’heure et la maison était tout en désordre. Enfin un jour, il perdit patience et s’en alla tout en colère en disant : «  Ce n’est pas étonnant que la maison soit mal tenue, quand vous restez toute la journée les bras croisés ! Vous ne savez rien faire de vos dix doigts ! ». Quand il fut parti, la pauvre Elsa pleura amèrement parce qu’elle aimait son mari et aurait voulu le voir content et parce qu’elle était ennuyée d’avoir une maison si malpropre.

   – Oh ! je voudrais savoir faire les choses, disait-elle en sanglotant. Je voudrais avoir dix bonnes petites fées pour faire l’ouvrage ! Alors, j’aurais un ménage bien tenu !

  Comme elle disait cela, un grand vieillard maigre apparut devant elle ; il était enveloppé d’un long manteau qui le cachait de la tête au pied. Il s ‘adressa à Elsa : 

  – Qu’est ce qui vous fait pleurer, mon enfant ?

  – Oh ! Je pleure parce que je ne sais pas tenir ma maison, dit Elsa. Je ne sais pas faire le pain, ni les gâteaux, je ne sais pas balayer, je ne sais pas coudre. Quand j’étais petite, on ne m’a jamais appris à travailler et maintenant je ne sais rien faire comme il faut ! Oh ! je voudrais avoir dix petites fées pour m’aider !

  – Vous les aurez, ma chère, dit le vieillard. Il secoua son grand manteau gris. Paf…Dix petites fées sautèrent à terre.

  – Elles seront vos servantes, Elsa, dit le vieillard ; elles sont habiles et fidèles et elles feront tout ce dont vous avez besoin. Mais les gens pourraient s’étonner de voir ces petites créatures dans la maison, aussi je vais les cacher. Donnez- moi vos mains, ces petites mains qui ne sont bonnes à rien. Elsa tendit ses jolies petites mains blanches.

–  Maintenant, écartez vos doigts, ces petits doigts inutiles.

   Elsa écarta ses jolis petits doigts roses. Le vieillard toucha chacun des petits doigts. A mesure  qu’il les touchait, il appelait :

« Main droite : Pouce, index, médius, annulaire, auriculaire ! » et à chaque fois qu’il touchait et nommait un doigt, une des petites fées inclinait la tête.

  Il reprit : « Main gauche : pouce, index, médius, annulaire, auriculaire ! » et les cinq autres petites fées inclinèrent la tête.

  – Hop ! Cachez vous ! dit le vieillard. Hop ! Hop ! Les petites fées sautèrent sur les genoux d’Elsa, puis sur ses mains et ouste !… Elles se cachèrent toutes dans ses jolis doigts roses, une fée pour chaque doigt !… Et le vieillard disparut.

  Elsa restait assise à regarder ses mains, bien étonnée, vous pensez !

  Mais bientôt, les petits doigts commencèrent à remuer. Les petites fées n’étaient pas habituées à rester tranquilles et elles avaient peur de s’ennuyer. Elsa se leva et s‘approcha de la huche et voilà les petites fées qui mesurent la farine, pèsent le sucre, les œufs et le beurre, pétrissent la pâte et la mettent au four plus vite que vous ne pouvez croire, et quand le gâteau fut cuit, il était excellent ! 

Puis les petites fées prirent le balai et le plumeau et, en un clin d’œil, la maison fut propre, et ainsi de suite toute la journée. Elsa allait d’un endroit à un autre et les petites fées  faisaient tout le travail.

  Quand la servante vit que sa maîtresse travaillait si bien, elle se mit à travailler aussi, et bientôt le ménage fut si bien et si vite fait qu’Elsa eut de nouveau du loisir pour rire et pour chanter.

  Il n’y eut plus de pleurs ni de gronderies dans la maison. Le mari d’Elsa était si fier de sa femme qu’il disait à tous ses amis :

  – Ma grand-mère était très bonne ménagère et ma mère était aussi excellente  ménagère, mais ma femme les surpasse toutes les deux ! 

Elle n’a qu’une servante mais, à voir comment le travail se fait, vous pourriez croire qu’elle a autant de servantes que de doigts !

  Quand Elsa entendait cela, elle se mettait à rire, mais elle ne parla jamais des petites fées à personne !