Editorial par Murielle LEFEBVRE, fondatrice de montessori.fr
L’année 2010 avance à grand pas et nous continuons à vous proposer nos créations sans relâche.
Les stages de formations se remplissent désormais très vite.
Les 2 semaines pour le niveau 0-3 ans seront une fois de plus bien riches avec un groupe au complet, le niveau 3-6 ans à Paris l’est déjà, et enfin nous vous proposerons une formation complète pour le niveau 6-12 ans avec l’ajout d’une semaine sur le français grâce à la participation de Christine, une orthophoniste formée à la pédagogie Montessori.
2010 sera une année pleine pour notre association avec l’annonce et la sortie de nos albums montessori en couleurs ainsi que notre collection de petits livrets de lecture montessoriens.
Tout ceci est possible grâce à l’équipe de l’association qui s’étoffe mais aussi aux adhérents que nous remercions, en enfin à ceux qui nous font confiance en venant à nos conférences ou en achetant nos livres et cd.
Ce mois-ci nous avons eu la possibilité d’effectuer une conférence de 2 heures auprès de l’Inspection Académique de Haute Loire à Puy-en-velay. Ce sont plus d’une vingtaine d’enseignants de maternelles publiques qui nous ont écouté et ont posé de nombreuses questions à la vie des photos d’enfants au travail dans une classe Montessori. Leur curiosité est aussi grande que leurs interrogations à comprendre cette méthode pédagogique. Encore une fois notre vœu est qu’enfin cette pédagogie soit accessible à beaucoup plus d’enfants qu’actuellement en France.
Nous avons offert des formes à dessins à ces enseignants désireux de commencer peu à peu à concrétiser des activités montessoriennes dans leur classe.
Souhaitons leur bonne utilisation.
Murielle LEFEBVRE
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Une scène dans une école maternelle au début du 20ème siècle
Prise sur le vif et en même temps pleine de vie, cette représentation est issue du 4ème de couverture de l’ouvrage de Jean-Noël Luc « L’invention du jeune enfant au XIXe siècle » Paris, Belin, 1997″.
Elle m’a tellement plu que je l’ai eue sous les yeux de nombreuses années lorsque j’écrivais une thèse et je l’ai mise en « logo » sur mon site. Je viens partager avec vous ce que cette image me suggère. Peut-être à votre tour serez-vous sensibles à ce qu’elle évoque. ?
Cette scène se passe apparemment dans un jardin d’enfants ou plus probablement une école maternelle, au début du XXe siècle. Les enfants ont un peu plus de trois ans, époque de leur vie où ils quittent la rondeur du tout- petit et apprennent à parler avec jouissance.
L’adulte se penche vers une petite fille et elle est attentive à lui remettre son col. On dirait qu’elles se parlent. La petite fille la regarde avec joie et confiance, elle se laisse toucher, ses deux petites mains détendues posées sur son ventre. La jeune femme est attentive à ce qu’elle fait. Elle est penchée vers l’enfant, mais en même temps, elle lui marque une distance. Cela laisse supposer qu’elle est disponible à ce qui se passe autour d’elle et qu’elle va bientôt se vouer à une autre tâche. Ainsi, un rapport physique existe entre l’adulte et l’enfant, On peut le deviner fugitif, ce qui n’empêche pas la disponibilité des deux interlocutrices. Un autre enfant, derrière elles, en blouse grise, assiste à la scène, tranquillement, les mains dans les poches. En fait, ils sont trois au centre de l’image. Cet autre enfant attend-t-il son tour pour parler à sa maîtresse où plutôt attend-il la petite fille pour jouer avec elle. ? Qu’y a-t-il dans sa poche l veut-il lui donner ou le partager ?
Ce qui se passe autour de ce trio dévoile des interactions entre enfants et met ainsi en relief la solitude de la petite fille qui porte son panier à bout de bras. Elle est très proche de l’adulte. On peut deviner une « petite nouvelle » qui ne sait pas où ranger son panier à moins qu’elle n’ait pas voulu le quitter. On dirait qu’elle se cache tout en cherchant protection derrière la jeune femme. Elle pourrait lui tenir la jupe, mais, soit elle n’ose pas, soit cela lui suffit d’être près de la maîtresse ! Va-t-elle la suivre ainsi tout la journée ? Vu l’attitude des deux enfants à gauche de la reproduction, on peut espérer que l’un d’entre eux viendra la chercher, qu’elle posera sa main sur son épaule, comme la petite fille à la robe rouge fait avec la plus petite et qu’elle lui parlera aussi à l’oreille. Apparemment ces deux enfants à gauche regardent la même chose ! Quel joli geste a cette main sur l’épaule de l’autre. Elle dit « je suis là, je partage » Ces petites filles paraissent concentrées vers le même but. Peut-être est ce pour aller vers un lieu d’activité ?
Comment cette jeune institutrice a-t-elle su mettre une telle ambiance dans son petit groupe ? Une ambiance joyeuse, de bienveillance, où les enfants se sentent en sécurité et peuvent être eux-mêmes. Souriants ou tristes, à l’aise ou réservés. Déjà, par un cadre accueillant, avec, par exemple, des rideaux aux fenêtres, ce qui donne une certaine tonalité, mais aussi une présence attentive où chacun sent qu’il a une place. Comment a fait cette jeune femme alors que dans les maternelles du début du 20e siècle il y avait quelque fois plus de 100 enfants dans une classe ? Peut-être était-ce le moment de l’accueil où les plus grands, ou les « anciens », s’occupent des nouveaux ou des plus petits…et leur servent de guide pour les réassurer.
C’est vrai, combien est important ce moment, combien il est essentiel. ! Que ce soit le premier jour, la première heure ; par le regard, par le fait de nommer l’enfant, l’adulte signifie à chacun qu’il est ici chez lui qu’il est approuvé dans ses caractéristiques essentielles et qu’il pourra être lui-même sans danger.
Bernadette Moussy
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Musique et Mouvement : un lien d’harmonie (première partie)
Musique et mouvement sont au cœur de chaque enfant. La musique est faite de mouvement, elle est vivante. L’enfant se développe à partir du mouvement, il est vivant. Deux entités animées et rythmiques qui vibrent sur la même longueur d’ondes et qui ont tout pour vivre en harmonie.
« La vie est mouvement, le mouvement c’est la vie »
Le mouvement est l’état naturel d’un enfant. Il fait partie de sa nature même, est source de joie et d’apprentissage et l’aide à comprendre, construire et ancrer de nouvelles expériences. Il est fondamental dans le développement global de tout être humain… Nous avons à peu près 650 muscles qui doivent être activés pour assurer la vie et l’activité de notre cerveau !
De nombreux psychologues et éducateurs soutiennent l’idée que les progrès intellectuels du petit enfant dépendent de son développement moteur (et sensoriel). Plus l’enfant bouge naturellement et en harmonie avec sa nature, plus les processus de pensée seront développés, de même pour le développement de ses capacités langagières.
Le support de base du mouvement est le corps qui se sert de combinaisons motrices de base et procède selon les lois naturelles. Chaque réflexe dynamique et postural, chaque combinaison de mouvement, chaque système de coordination motrice apparaît à un moment spécifique. Il est alors exploré, utilisé et connecté au système moteur global du corps. Les combinaisons apprises forment la base de l’évolution d’autres schèmes (modèles) moteurs et ainsi de suite. C’est vraiment la base pour qu’un être humain puisse progresser au travers des différents stades du développement moteur en lien avec le développement émotionnel et cognitif. Bien sûr, cette intégration est plus nette et plus visible à l’âge du nourrisson et du jeune enfant car il n’a pas encore eu le temps d’installer des compensations !
« Tout est musique et tout être humain naît musicien »
Dès la naissance et même avant, la musique s’acquiert automatiquement par simple « exposition ». Le tout petit enfant se tourne naturellement vers la musique (rythmes ressentis in utero, mélodie de la voix de sa maman, bruits et sons environnants….) comme si ce penchant était présent dans l’organisation de son cerveau. Il naît avec un cerveau musical, une mémoire musicale qui lui « dictent » d’absorber de la musique et lui donnent la compétence de le faire. Nombreuses sont les expériences à ce sujet…
On a maintenant pris conscience de la grande sensibilité auditive du petit enfant, de son « oreille tendre », variable en fonction de son environnement mais dont il s’imprègne inévitablement. Très tôt le sens auditif peut fonctionner et c’est au 5ème /6ème mois de la vie fœtale que le système auditif se met en place. La mémoire sonore est avec celle du toucher une mémoire qui apporte beaucoup d’informations et qui permet à l’enfant d’entrer en relation avec le monde, y compris in utero.
« Le premier instrument »
Le corps est le 1er instrument dont dispose l’enfant pour assimiler et comprendre le monde. Quoi de plus naturel que de fredonner et bercer un enfant pour l’apaiser … un geste simple qui traverse le temps et les cultures. Un enfant qui apprend à marcher ou qui commence à produire des sons ne fait il pas ses apprentissages en intégrant les rythmes dans l’alternance de ses pas ou de ses gazouillis ?
Dans le développement global de l’enfant, musique et mouvement sont des modes naturels d’expression liés dans une même dynamique : le mouvement permet d’exploiter le besoin de bouger de l’enfant au profit de la musique.
Les différents mouvements corporels que l’on retrouve dans les jeux (balancements, sauteuses, marches, rondes…) sont importants pour le développement :
– des directions spatiales (Avant/Arrière, Gauche/Droite, Haut/ Bas) qui permettent à l’enfant de se situer et de prendre conscience de son corps dans l’espace
– du système vestibulaire (oreille interne, équilibre), du sens proprioceptif (conscience de son propre corps) et des autres systèmes sensoriels en général
– des associations entre le son et le geste (mains, bras, pieds, objets sonores…)
– de l’instinct rythmique qui prend son point de départ dans l’énergie vitale de l’enfant.
Il existe tout un répertoire de «jeux de nourrice » et de chansons traditionnelles qui correspondent aux besoins fondamentaux du jeune enfant et l’aide dans les étapes de son développement, l’accompagnant de la phase fusionnelle du début de la vie à l’entrée dans le symbolique en passant par le jeu sensori -moteur et la conscience de son propre corps (notion de schéma corporel). Ces jeux prennent en compte les périodes essentielles du développement de l’enfant, comprennent son évolution et permettent ainsi d’affiner nos attitudes et nos choix. Tout ces « airs » longuement éprouvés ont été inventés pour la plupart « sur le terrain ». Ils sont courts, parcourent peu de notes et font intervenir un mouvement simple. Mais chacun permet au petit enfant une expérience globale (musicale, motrice et affective) qu’il vit dans le plaisir grandissant de la répétition. Selon l’âge et le stade de développement de l’enfant, ces jeux sont faits avec l’adulte sécurisant, seul, deux par deux ou à plusieurs.
Au début les enfants ne chantent pas, ils écoutent. Ce moment de réception est essentiel. Puis vient un rythme, quelques notes ou un mot retenu ou répété en écho de l’adulte. En effet c’est la mémoire rythmique (de nature motrice) qui s’exprime la première, suivie par la mémoire de la mélodie la (de nature affective), la mémoire des paroles (de nature mentale) ne venant qu’après.
Quelques points sont importants à souligner :
– pour éviter la confusion dans la mémoire des enfants, il est préférable de s’en tenir toujours au même texte en évitant les variantes trop proches (c’est bien tentant, elles sont si nombreuses).
– le mouvement proposé à l’enfant ne doit être que suggéré car il est capable de trouver spontanément son propre rythme et cette liberté corporelle en lien avec le sonore, où l’adulte accompagne l’enfant, est à respecter.
Mais il est également souhaitable de toujours penser au mouvement le plus harmonieux possible en lien avec le texte et la musique pour trouver à la fois la sensation de plaisir et de confort corporel, le rythme agréable qui conduisent l’enfant.
(la suite de cet article le mois prochain…).
Josette GABRIEL
Enseignante// formatrice en Techniques éducatives corporelles,
Animatrice d’ateliers d’éveil musical