Editorial par Murielle Lefebvre, fondatrice de montessori.fr
La pédagogie montessori en France n’a sans doute jamais été aussi vivante depuis la fin de la dernière guerre mondiale. C’est heureux, et sans fausse modestie nous (Alain et Murielle LEFEBVRE seuls) avons courageusement œuvré pour cela en1995, date à laquelle nous avons été les premiers à en parler sur l’internet, où peu de personnes étaient encore non seulement présentes mais convaincues par ce nouvel outil de développement. Car il s’agit non pas d’un outil de communication mais d’un outil d’apprentissage, de partages de connaissances et de liens entre les hommes.
Je me souviens d’une conversation informelle avec des « professionnels de l’enseignement » sur l’émergence de « l’email ». Parmi eux, un professeur en commerce pour les bacheliers et les BTS au sein de l’Education Nationale, a marqué ma mémoire. Sa réaction à l’époque, en tant que connaisseuse car « professeur agrégée par l’E.N. » lorsque j’avais expliqué ce qu’était l’email, avait été de dire « encore un truc à la mode, en informatique, qui disparaîtra très vite ». ..
Aujourd’hui, elle ne reconnaît en rien ses propres paroles. Hélas, elle n’est pas la seule à réagir ainsi. Car notre éducation, ou notre « culturisation », nous enferme dans des comportements, des préjugés, des rigidités qui mènent à des polyhandicaps. On ne peut plus bouger physiquement car on n’a pas su bouger mentalement. L’éducation telle que Maria l’a pensée, n’enferme pas l’Enfant, ne le guide pas mais l’Accompagne.
Notre vœu est donc d’être des accompagnants d’individus sur le chemin de l’éducation.
De ne pas laisser sur le côté les enfants handicapés, les enfants isolés dans leur différence, les parents en recherche de proposition pensée pour le bien vivre de leur famille.
Reprenant un vieux slogan d’une publicité qui m’avait marqué il y a quelques années: « Dans un embouteillage toutes les voitures roulent à la même vitesse » je dirai que « Dans une classe ou fratrie, tous les enfants n’apprennent pas à la même vitesse » – ni de la même façon – c’est cela qui doit nous guider dans le perfectionnement de notre accompagnement.
Bilan 2009
« Notre bilan est bon » comme dirait le Président de la République ! (Mais pour être honnête, il s’agirait d’observer le bilan des actions réelles auprès des enfants).
Vous êtes de plus en plus nombreux à nous soutenir (95 adhérentes et adhérents au sein de l’association AMIS).
Vous êtes de plus en plus nombreux à suivre nos formations (en France, en Belgique).
Vous êtes nombreux à visiter nos sites et blogs contenant les informations sur la pédagogie de Maria Montessori et sur l’Education en général.
Vous êtes des milliers à avoir lus notre livre « la pédagogie montessori illustrée » et bientôt autant « 365 jours d’école à la maison ».
Vous êtes nombreux à nous proposer de nouveaux contenus dans les conférences et formations.
Perspectives 2010
L’équipe active de notre association grossit et devrait nous permettre de proposer de nouvelles ouvertures dans l’Education en général.
Au-delà des pensées, critiques, analyses et observations diffusées par d’autres associations ou institutions, nous sommes attachés à relier les énergies positives et actives auprès de l’enfant au quotidien. Certes nous sommes tous au contact d’enfants. Mais le mot « contact » ne veut rien dire –ou alors est réducteur-.
Que vivez-vous concrètement dans la relation, de l’instant?
Je rencontre souvent des adultes qui pensent, forment, causent, écrivent, sur l’enfant et l’Education, mais ne passent pas une heure par jour avec un enfant !
Nous avons investi une nouvelle voie de la pédagogie montessori : celle de la dimension corporelle. Nous voulons nous orienter vers l’accompagnement de cet équilibre perdu par l’Enfant : corps, émotions et pensée. La proposition de notre journée intitulée «Enfants de l’Univers cosmique », le dimanche 7 février 2010, est un premier pas que vous pouvez franchir. Voir à propos de cette journée à http://blog.montessori.fr/formations/formation-montessori-prochainement-enfants-de-l%E2%80%99univers-cosmique/
Les écrits de Josette Gabriel dans ces éditions, les massages aux bébés et les ateliers de langage de Signes sont d’autres propositions concrètes auxquelles nous adhérons et participons pleinement.
2010, sera donc l’année de la continuité et du développement de tous les outils d’aide à l’accompagnement des enfants selon les écrits de Maria Montessori. De nouveaux écrits, formations et matériels verront le jour au sein de notre association grâce à nous tous.
Remerciements
Nous adressons nos chaleureux remerciements à toutes les rencontres et échanges profonds vécus lors de cette année 2009. Les emails, les comptes-rendus de stages, les conversations de vous tous nous touchent et nous portent à continuer au-delà de nos limites.
Merci à nos formateurs (Bernadette, Elodie, Françoise, Josette, Laurence, Pascale,Véronique) à nos animateurs (Bruno, Damien), à nos bénévoles (Alain, Anne-Gwënola, Damien, Véronique), et à nos adhérents.
Chaleureuse nouvelle année 2010 à tous
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Les réflexes primitifs par Josette GABRIEL, seconde partie
Caractéristiques des Réflexes Primitifs :
Ce sont des mouvements rudimentaires, stéréotypés qui mettent en action le corps entier du bébé, activé en bloc, et qui permettent une réponse immédiate.
Ils se développent in utero selon un ordre fonctionnel bien précis et chacun a un début, une période de pleine activité et une fin. Un réflexe a une influence et une action sur toute la chaîne : si l’un ne s’est pas développé suffisamment, le suivant le sera moins….
Tout comme une maison a ses fondations, les étapes des réflexes sont comme les fondations sur lesquelles les étapes de croissance cérébrale et corporelle du fœtus, du nouveau-né et de l’enfant s’édifient progressivement.
Chaque étape a son heure, sa destination, son espace à remplir, son travail à accomplir, sa place dans le tout, mais est aussi en elle-même un parcours complet. Elle ne peut donner sa place à la suivante que si l’expérience sensorielle et motrice qu’elle était chargée de faire vivre au corps du bébé est complète.
« J’ai appris tout ce que je pouvais apprendre de cette étape, je peux donc passer à la suivante en m’appuyant et en construisant sur ce qui est acquis ».
Par exemple :
– le réflexe de succion à la naissance est nécessaire au bébé et le préparera à utiliser les mouvements de sa bouche pour apprendre à parler.
– Le réflexe palmaire sera nécessaire à l’intégration de la sensibilité tactile de la paume du nouveau-né et au développement de la motricité fine des doigts, prémisse de la préhension (pince supérieure, opposition pouce/autres doigts).
– le plein développement du réflexe de MORO est indispensable à l’équilibre émotionnel de l’enfant…Puis de l’adulte.
Le système nerveux de l’enfant ne peut faire l’économie d’une étape ou d’une autre. Chacune est intégrée dans une organisation neurologique plus compliquée.
On pourrait dire que les réflexes primitifs sont les matériaux de base à partir desquels l’intelligence humaine pourra se développer.
Les réflexes primitifs ne sont que la partie supérieure de l’iceberg et la sensibilité sensorielle la partie immergée.
Ils font place ensuite à des réflexes plus élaborés, les réflexes POSTURAUX qui vont permettre de contrôler l’équilibre et la coordination des mouvements.
Qui dit réflexes posturaux dit verticalisation, travail sur l’axe corporel. C’est la « Technique Alexander » qui vise à rétablir les conditions normales des réflexes posturaux en libérant le corps de ses tensions et habitudes indésirables au moyen d’indications tactiles et verbales. Travail sur les postures (allongée, assise, debout) et sur le passage de l’une à l’autre (apprendre à s’asseoir…).
(source : www.alexandertechnique-montreal.com)
La transition entre réflexes primitifs et posturaux n’est pas automatique. C’est un processus graduel et les 2 agissent ensemble pendant une courte durée de temps. Les réflexes posturaux sont très voisins du « cerveau du milieu » (limbique, émotionnel) et s’inscrivent dans les centres émotionnels (équilibre du corps très lié à l’équilibre émotionnel, postures).
Chaque parent peut observer cette transition entre réflexes primitifs et posturaux à travers le développement des étapes sensori-motrices de la 1ère année de vie :
-Sur le ventre, le bébé commence par redresser sa tête (2 mois) puis redresse le haut de son corps en utilisant ses muscles, son squelette par rapport au sol mais aussi ses systèmes sensoriels (en particulier yeux et oreilles). La tenue de sa tête lui permet d’interagir progressivement avec son environnement de façon plus consciente. Il regarde devant lui, se retourne (ventre au dos et inversement), rampe, s’assoie, marche à 4 pattes….Et tout cela le prépare à se mettre debout. Tous les mouvements de cette 1ère année sont vraiment importants car ils installent la transition entre la position allongée de départ et la position debout.
Cette maturité neuro physiologique de base est un tremplin pour les apprentissages futurs « plus raffinés » qui suivront comme le langage, la lecture, l’écriture, l’attention, la concentration…
Les recherches actuelles montrent que la capacité pour un enfant de stabiliser et d’orienter son attention est une tâche qui s’appuie sur les mêmes mécanismes que ceux qui régulent la posture (travaux d’André BULLINGER).
Les réflexes primitifs ont donc vocation de « disparaître » pour laisser place aux réflexes posturaux et cette évolution doit être normalement achevée pour un certain nombre de réflexes à la fin de cette 1ère année si essentielle. Sinon les réflexes posturaux ne pourront s’installer et un certain nombre d’enfants, à cause de la persistance des réflexes primitifs, ne possèdent tout simplement pas les réflexes posturaux.
En faisant redémarrer le processus d’évolution des réflexes primitifs là où il s’était interrompu, on peut vraiment aider l’enfant dans ses difficultés. Il ne s’est pas défait de ses réactions primaires alors qu’elles n’ont plus de raison d’être.
Ex : succion d’un mouchoir, téter, agrippement du crayon plus que tenue…
Et ces difficultés concernent des enfants tout à fait normaux, intelligents mais qui se trouvent dans l’impossibilité d’exprimer leur potentiel à travers les apprentissages ou dans leurs comportements. C’est vraiment de l’ordre du fonctionnel.
Ex : Dès que l’enfant est fatigué (tensions posturales, s’écroule sur sa chaise…) ou manifeste un comportement agité ou régressif (ne peut rester assis tranquille sur une chaise, se met en colère pour un rien…).
A force de volonté, il arrive bien sûr à compenser, il essaie de bien faire mais au prix de beaucoup de fatigue et d’émotions…Disons partagées ! Il bâtit sa vie d’adulte sur ses compensations d’enfant et cet équilibre apparent peut dégénérer à tout âge en mal de dos, grande fatigue, difficultés de concentration….
Cette méthode globale ludique (enfant demandeur), pas très longue (entre 12 et 18 mois) « nourrit » l’enfant :
– un 1er entretien avec les parents où l’enfant est présent (observable donc dans ses postures et ses comportements) permet de déterminer si les difficultés rencontrées sont de l’ordre de son développement sensoriel et moteur. Grossesse, naissance, petite enfance sont évoquées à partir d’un « questionnaire ».
– puis une évaluation est proposée à l’enfant à partir de mouvements simples, de tests physiques, de dessins/figures, d’écriture…Pour déceler les réflexes immatures ou persistants. On observe les réponses du corps. Ces tests sont vraiment fiables et adaptés à partir de 6 /7 ans environ (équilibre mature à 7 ans…en théorie), avant il s’agit simplement de proposer à l’enfant des mouvements sous forme de jeux avec ou sans matériel.
– le travail en lui-même consiste à reprendre de manière consciente et dosée les mouvements propres à chaque réflexe afin qu’il disparaisse ayant accompli le travail pour lequel il était programmé.
Ce sont des mouvements très simples, bien structurés que l’on apprend au parent qui le proposera à l’enfant tous les jours avec plaisir et sur une très courte durée (10min. max.). Bien évidemment, pour des adolescents, des adultes, on adaptera : hamac, fauteuil avec mouvement…
L’enfant sera revu environ toutes les 4 à 6 semaines pour constater l’évolution par la reprise de l’évaluation.
A ce travail s ‘ajoute celui sur l’hyper sensibilité sensorielle :
A la naissance, le système sensoriel est à vif (petits bruits=sursaut, une ombre= une réaction…) Puis le bébé ne va plus réagir aussi vivement car les informations qui arrivent au cerveau vont être comme « filtrées » mais pas toujours…
Grâce à ce travail sensoriel et corporel, on permet au SN d’un enfant de se restaurer et de se développer comme il aurait dû le faire.
De plus la participation des parents donne à ce travail une dimension affective et psychologique assez unique.
L’enfant retrouve ainsi les moyens d’apprendre et de progresser, retrouve la sécurité et gagne en confiance en lui car il se remet sur la spirale de son développement dans un mouvement intérieur de participation à la vie.
Josette Gabriel
Enseignante/Formatrice en Techniques éducatives corporelles
Instructrice Massage Bébé et Brain Gym