Nos formations en ligne

Le dernier livre de Murielle !
Notre page sur Facebook
Notre page sur Instagram

Notre chaine YouTube

Méthode OML

Education pour la vie, extraits de la lettre N°1 – Novembre 2008

Editorial par Murielle Lefebvre

Le 28 novembre dernier a eu lieu la 4ème formation sur le thème : « Ouvrir une école en France : la quadrature du cercle ». Animée  par Bruno Moryas, formateur en pédagogie, éducateur Montessori diplômé AMI et directeur expérimenté, cette journée a réuni 35 participant(e)s.

C’était la 2ème session parisienne depuis la rentrée de septembre 2008. Les participants venaient de toute la France (Les landes, Toulouse, Dunkerque ou l’Alsace).

Quelle est cette volonté de créer une école ?

Les familles semblent se recentrer sur l’éducation de leur enfant.

Le retour à l’allaitement plus long du bébé, le portage, l’émergence du « cododo » (dormir avec son enfant), le développement de l’instruction en famille (IEF) sont autant de signes de notre société française actuelle.

Prolonger cette période entourée de la petite enfance au-delà des 3 ans de l’enfant attire actuellement les parents. Les soucis de l’école actuelle publique suchargée, dépassée par l’évolution rapide de la société sont aussi des facteurs accélérateurs de la recherche d’une « autre école ».

Notre objectif est de vous répondre de façon professionnelle et constructive dans cette volonté d’informations pertinentes.

============================

« Le pédagogue » par Bernadette Moussy

Sous la rubrique « pédagogie » seront présentés de courts thèmes qui ont pour but d’éclairer le sujet, de l’aborder de différentes façons. Ils se suivront dans une certaine logique, un thème amenant l’autre. Nous espérons construire ainsi, par petite touches, de quoi alimenter…sans rassasier, la réflexion personnelle de qui est concerné par l’éducation, l’enseignement…

Pour commencer j’ai choisi de présenter « Le pédagogue ».

Etymologiquement Le mot pédagogue (en grec paidagôyos) vient de pais, «enfant», et agâgê, « direction, conduite ». En grec paidagogos signifie conduire l’enfant, le mettre dans la bonne direction.

Evolution historique de la fonction

Dans l’Antiquité, chez les Grecs et plus tard chez les Romains, la fonction du pédagogue était de conduire l’enfant à l’école et de le ramener. C’était un esclave qui était chargé de veiller sur sa tenue et de le garder des mauvaises rencontres. En même temps qu’il porte le bagage de l’enfant, il est chargé de lui faire répéter la leçon sur le trajet, de veiller sur sa tenue. Il s’occupe de son éducation morale. Il peut y avoir plusieurs enfants à mener, et comme chez les Romains les esclaves pédagogues étaient des Grecs cultivés, leur rôle a pris la dimension d’enseignant. On leur a confié aussi l’éducation élémentaire et les apprentissages de base des enfants de la famille.

Son office cessait quand l’enfant entrait dans l’adolescence. Plus tard le mot pédagogue sera pris dans le sens général d’éducateur, et c’est en cette acception qu’il a été emprunté par les Romains. Déjà chez Platon paidagôgia est pris au sens d’éducation…

Dans le monde gallo-romain il y a deux fonctions :

-le pédagogue, chargé de la formation de la personnalité de l’enfant, de l’accompagner dans sa croissance, de développer ses qualités de cœur et son intelligence. Il donne une formation humaniste.

-L’enseignant, qui donne le savoir. Chargé de la culture de l’enfant. Il enseigne la géométrie, les mathématiques… Cet enseignement se donne à l’école.

Au Moyen âge le pédagogue a la charge de plusieurs enfants en internat dans les collèges. Plus tard, on donna spécialement le nom de pédagogues à des maîtres qui, sans faire des lectures publiques des textes de base, tiennent des chambres a louage; on les nomme pédagogues, parce qu’ils ont la charge et le gouvernement de quelques enfants de maison. (C’est-à-dire en Internat).

Par la suite, nous passons du rôle de l’éducateur à celui d’enseignant

Sous la Renaissance Le pédagogue prendra le nom de conducteur et/ou de précepteur, Montaigne 1533-1592  en exprime les qualités: « Choisir un bon conducteur qui ait la tête bien faite plus que bien pleine…qu’il sache lui faire goûter les choses, les choisir et les discerner, quelquefois lui ouvrant le chemin quelquefois lui laissant ouvrir. Je ne veux pas qu’il invente seul. Je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour…Il est bon qu’il le fasse trotter devant lui pour juger de son train…Qu’il ne lui demande pas compte de sa leçon mais du sens…Qu’il juge du profit qu’il aura fait non le témoignage de sa mémoire, mais de sa vie…

Ne loge rien dans sa tête par simple autorité et crédit. Qu’on lui propose une diversité de jugement…il choisira s’il peut. Que le précepteur n’apprenne pas les dates mais plutôt le pourquoi des évènements. » Chaque terme a son importance, chaque attitude a un sens incontestable…

Plus tard Jean Jacques Rousseau (1712-1778), qui emploie le terme de « maître» écrit dans le troisième livre de « l’Emile ou de l’éducation »: « Maitres, soyez simples, discrets et retenus. »Ces termes peut-être inattendus reflètent une réaction contre une attitude bien tentante de la part de l’enseignant, celle d’en faire de trop !

Actuellement, le pédagogue a plutôt une dimension d’enseignant. Un bon pédagogue n’est-il pas celui qui, ayant un savoir à transmettre, sait se faire comprendre de ses élèves ou de ses interlocuteurs quels qu’ils soient. On pourrait aussi employer le terme d’instituteur.

Peu, bien, au bon moment…

S’il est un bon pédagogue, car il y en a de mauvais, il s’est approprié les souhaits de Montaigne et les invectives de Jean Jacques Rousseau.

Il sait penser, c’est-à-dire choisir dans le contenu de ses connaissances qu’il a bien assimilées, ce qui va convenir à son élève. Il mesure, ne surcharge pas le contenu de son enseignement.

Pour bien ajuster son savoir à son élève, il le regarde, l’écoute, essaie de le connaitre.

Ce que lui révèlera son élève qui se montrera tel qu’il est, en confiance, permettra à l’enseignant de lui apporter ce qu’il peut recevoir.

Montaigne précise  que ce… n’est pas tant ce que l’enfant a retenu qui est important mais de ce qu’il en a fait dans sa vie.

Jean Jacques Rousseau lui, insiste sur la modestie de l’enseignant qui ne demande pas à l’enfant de montrer son savoir pour se valoriser.

On ne peut que supposer chez le pédagogue un travail intérieur de synthèse entre son intérêt pour la transmission, la gestion de son enseignement, une curiosité  bienveillante pour l’élève et…une certaine confiance dans l’acte d’enseigner.

Que devient l’enseignement ?

Car un pédagogue agit, il ne fait pas qu’observer, il s’engage. Il ne saura jamais vraiment le résultat réel de ce qu’il aura lancé. Comment connaitre vraiment l’effet, la durée, le cheminement de ce qu’il aura réellement appris à son élève ? C’est un métier où l’aléatoire est là dans son identité même. Cela explique la demande de « modestie » de Rousseau. Il y a quelque chose de vertigineux qui échappe au pédagogue…Si ce dernier l’accepte il y trouvera de la joie.

Ce n’est pas celui qui enseigne qui est le maître, mais l’enfant. Ne faudrait-il pas que les enfants le sachent ?

L’espace nécessaire dans la relation pédagogue enfant 

On dit que le pédagogue serait né sous le signe de l’eau, par exemple le signe du verseau, car il verse la connaissance…

Mais il est marqué aussi par le signe de l’air, car il gère l’espace entre lui et l’enfant, afin que chacun ait sa place devant le savoir. Il laisse de l’espace à l’enfant pour que celui-ci s’approprie la connaissance, à son rythme et sa façon, en fonction de ce qu’il sait déjà et de son intérêt.

Le pédagogue et sa méthode

Et non « la » méthode. Ce qui sous entend qu’il l’a choisie, se l’est appropriée, digérée. Qu’il l’a mise au point en fonction de ce qu’il a appris et en fonction de ses observations ! Il l’a expérimentée et surtout il s’en sert comme un outil au service de son enseignement et de l’enfant. Il joue avec elle mais ne la suit pas à la lettre.

Combien de fois a t-on l’impression que c’est la méthode  qui est la plus importante, qu’il faut suivre en priorité. Et si elle ne convient pas à cet enfant là ? Qu’en fera t-il ? Montrera t-il qu’il se l’est appropriée lui aussi ou va-t-il résister pour une raison ou une autre ?

Là encore la modestie est nécessaire. Et si l’enfant avait appris sans la méthode, comme certains qui ont appris tout seul la lecture…

Oui, mais…ce n’est pas simple !

Ce n’est peut-être pas simple, c’est sûrement difficile. Il faut un certain nombre de conditions pour que la transmission aboutisse !

Il y a la recherche du pédagogue pour améliorer la connaissance de ses élèves et l’adaptation de sa méthode. Il y a aussi des conditions extérieures comme par exemple le fait qu’il soit reconnu dans son statut, qu’il ait une certaine liberté et une marge de manœuvre  dans son travail.

Les prochaines fois nous verrons l’autre interprétation du pédagogue : l’éducateur, aussi « Les grands pédagogues »…

Bernadette Moussy, fondatrice du site www.silapedagogie.fr